Le Gabon attire décidément toutes les convoitises. Après les groupes chinois et turcs, c’est désormais la Corée du Sud qui manifeste ouvertement son intérêt pour deux des projets d’infrastructures les plus stratégiques du pays : l’aéroport international d’Andem et le futur chemin de fer Belinga–Mayumba, axe logistique majeur pour l’exploitation du gisement de fer du Nord-Est.
Reçu le 6 novembre par le ministre d’État en charge des Transports, Ulrich Manfoumbi Manfoumbi, l’ambassadeur coréen Song Bum Shin a réaffirmé la volonté de Séoul d’accompagner le Gabon « par une société nationale » dans la construction de l’aéroport d’Andem. La République de Corée avait déjà conduit les études préliminaires du site, confirmant un intérêt ancien et une expertise reconnue dans le domaine aéroportuaire.
Mais l’appétit coréen ne s’arrête pas là. Séoul s’intéresse également au projet ferroviaire Belinga-Mayumba, une infrastructure stratégique destinée à relier le futur bassin minier du Nord à la façade atlantique. La partie coréenne se positionne comme partenaire technologique fiable, proposant des solutions modernes alliant sécurité, confort et innovation ferroviaire, notamment à travers l’acquisition d’une rame de train voyageurs. Une perspective qui s’inscrit dans la vision du président Oligui Nguema de faire du Gabon un hub logistique et industriel régional.
Cette dynamique s’appuie sur un partenariat diplomatique solide entre Libreville et Séoul, qui remonte à 1962. Les deux pays ont célébré en 2022 leurs 60 ans de relations bilatérales, marqués par une coopération « au beau fixe ». La Corée du Sud dispose d’une ambassade active à Libreville, et plusieurs accords ont déjà été signés : exemption de visa pour les passeports officiels (2013), accord culturel (2011) et programmes de coopération technique. Ces échanges ont permis d’étendre la collaboration à des domaines comme les technologies, les infrastructures et la formation, renforçant ainsi la présence coréenne en Afrique centrale.
L’entrée en scène de la Corée du Sud dans les grands chantiers gabonais traduit une volonté claire de diversifier les partenariats internationaux du pays, longtemps dominés par les acteurs asiatiques et européens traditionnels. Pour Séoul, il s’agit aussi de consolider son ancrage économique en Afrique et de démontrer sa capacité à offrir des solutions technologiques à forte valeur ajoutée. Si les discussions n’en sont encore qu’à leurs débuts, elles annoncent une nouvelle étape : celle d’une coopération pragmatique, où la diplomatie se met au service du développement et où la Corée espère bien, cette fois, prendre toute sa place dans le décollage du Gabon.








