Le secteur des transports, longtemps laissé pour compte, ne bénéficiera que de 60 milliards de fcfa en 2026, selon le Projet de Loi de Finances. Un chiffre paradoxal quand on sait que le Gabon affiche un déficit en infrastructures estimé à plus de 700 milliards par an. Malgré le discours officiel sur la modernisation des routes et du réseau logistique, les moyens alloués restent dérisoires au regard des besoins.
Le réseau routier national, long d’environ 10000 km, ne compte que 1800 km de routes bitumées en bon état, selon la Banque mondiale. Les chantiers annoncés entre réhabilitation du Transgabonais, ponts de Ngounié et de l’Ogooué, peinent à se concrétiser faute de financements suffisants. Le paradoxe budgétaire est d’autant plus criant que le gouvernement a doublé les crédits du ministère en 2025, pour finalement les réduire dans la trajectoire 2026.
En comparaison, les dépenses militaires et de fonctionnement de la Présidence demeurent largement supérieures. On évoque plus de 320 milliards de fcfa pour la défense, à croire que le pays n’a pas d’autres priorités. Ce sous-financement chronique freine la compétitivité du pays. Les coûts logistiques internes sont parmi les plus élevés d’Afrique centrale, représentant jusqu’à 40% du prix final des marchandises.
L’absence de routes praticables dans plusieurs provinces isole des zones entières du territoire et fragilise la chaîne agricole. L’allocation de seulement 60 milliards en 2026 traduit une incohérence stratégique : on parle de diversification, mais on prive les secteurs productifs d’infrastructures de base. Tant que les priorités budgétaires resteront dictées par la logique administrative plutôt que par la performance économique, le “désenclavement du pays” restera un slogan.








