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Gabon: un an après le rechat par l’État, Agro Business Group broie du noir 

le coup de coeur

En juillet 2024, l’État gabonais créait la surprise en rachetant 35% du capital d’Agro Business Group (ABG), société née des cendres de SIAT Gabon. Un an plus tard, les tensions sociales à Mitzic sonnent comme une alerte rouge : arriérés de salaires, conditions de travail déplorables, précarité persistante. Une question s’impose donc : que s’est-il réellement passé depuis l’entrée en scène de l’État ? Et comment expliquer que cette prise de participation stratégique n’ait pas empêché de graves dérives managériales ?

Au moment du rachat, le discours gouvernemental était clair : préserver les 800 emplois directs, moderniser les installations et apurer les dettes sociales. Mais sur le terrain, les résultats peinent à suivre. À Mitzic, les employés ont dénoncé, dès mai 2025, jusqu’à quatre mois d’arriérés de salaire, une situation d’autant plus incompréhensible que l’État est désormais co-gestionnaire de l’entreprise.

Pourquoi, alors, ces engagements n’ont-ils pas été tenus ? Plusieurs observateurs évoquent une mauvaise lecture des urgences sociales. « L’État est entré au capital avec une logique industrielle et institutionnelle, mais sans une stratégie managériale de court terme pour régler les problèmes chroniques », estime un ancien cadre du ministère de l’Agriculture. Résultat : l’illusion d’un sauvetage masquait un défaut de pilotage opérationnel.

La gouvernance partagée entre l’État et les actionnaires privés d’ABG semble avoir généré des angles morts dans la supervision de la gestion quotidienne. Malgré la présence de deux administrateurs publics au conseil d’administration, les décisions stratégiques sont restées, selon certaines sources syndicales, centralisées à Libreville, loin des réalités de terrain à Mitzic ou Bitam.

Plus préoccupant encore, les pratiques opaques de gestion des ressources humaines ont persisté : retraits sur salaires non reversés à la CNSS, non-paiement des primes de rendement, absence de dialogue formel avec les délégués du personnel. Ce sont là autant de signaux d’un dysfonctionnement interne persistant, malgré la présence de l’État dans l’actionnariat.

C’est dans ce contexte que s’inscrit l’intervention du ministre Patrick Barbera Isaac ces derniers jours. Son déplacement à Mitzic est censé désamorcer une marche pacifique des travailleurs et remettre à plat les revendications. « Le Gouvernement reste déterminé à accompagner les entreprises structurantes afin de préserver les emplois et de dynamiser le tissu économique local », a précisé le ministre du Travail lors de son déplacement dans le septentrion. Mais faut-il vraiment attendre l’explosion pour constater les failles du système ? Les tensions sociales à ABG ne traduisent pas seulement une crise salariale : elles soulignent l’échec d’un modèle de gouvernance hybride, où l’État investit sans s’assurer des contreparties concrètes sur la gestion. 

Un an après le rachat, la situation révèle désormais une vérité gênante. L’État gabonais paie deux fois, d’abord en capital, ensuite en gestion de crise. Sans une capacité renforcée à contrôler l’exécution des engagements pris par la direction d’ABG, l’investissement public risque de se diluer dans les pratiques opaques héritées du passé. 

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