C’est un vol d’une ampleur inédite qui secoue le port minéralier d’Owendo. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, un vraquier baptisé Jacob H aurait quitté discrètement le quai, emportant dans sa cale près de 48000 tonnes de manganèse, sans autorisation formelle ni trace officielle de départ. À prix de marché, cette cargaison représenterait jusqu’à 48 millions de dollars américains, soit environ 26 milliards de fcfa.
Selon plusieurs sources portuaires citées par Gabon D’Abord, le navire, amarré depuis plusieurs jours, aurait largué les amarres peu avant l’aube, échappant aux contrôles de la capitainerie et des services de la Marine marchande. Le bâtiment aurait alors mis le cap au large sans autorisation, déclenchant une traque maritime infructueuse. À l’heure actuelle, les services de la Direction générale des recherches (DGR) auraient ouvert une enquête préliminaire pour déterminer les complicités internes possibles.
D’après les premiers éléments, un ressortissant chinois, présenté comme commanditaire présumé de l’opération, aurait bénéficié d’appuis dans l’administration portuaire. Des cadres de la Marine marchande seraient déjà dans le viseur des enquêteurs. Des auditions auraient débuté dans les locaux de la DGR, tandis qu’un signalement international aurait été transmis à Interpol afin d’intercepter le Jacob H dans les eaux internationales.
Ce nouvel épisode ternit l’image d’un secteur vital pour l’économie gabonaise. Le pays figure parmi les trois premiers producteurs mondiaux de manganèse, avec une production annuelle dépassant 7 millions de tonnes. Ce minerai représente une part essentielle des recettes d’exportation et près de 5% du PIB national. En pleine transition vers la transformation locale des minerais, un tel incident met en lumière les failles de contrôle logistique et douanier dans la chaîne d’exportation.
Au-delà de la valeur marchande colossale, l’affaire du Jacob H pose une question centrale : comment un navire chargé d’un tel volume a-t-il pu appareiller sans signalement ? Entre rumeurs de corruption, manquements de sécurité et absence de traçabilité, ce dossier pourrait devenir un test grandeur nature pour la crédibilité du dispositif de sûreté portuaire. Le ministère des Transports et celui des Mines n’ont, pour l’heure, publié aucun communiqué officiel. Mais dans les allées du port d’Owendo, la tension est palpable : si les faits se confirment, ce vol record pourrait bien être le plus gros détournement minier de l’histoire du Gabon.








