spot_img

Notre devoir, servir la vérité.

spot_img

Gabon : un nouveau partenariat public-privé pour transformer la filière bois

le coup de coeur

Le 11 juillet 2025, le ministère des Eaux et Forêts a signé avec la société ETBG un nouveau Partenariat Public-Privé (PPP) pour développer une unité intégrée de transformation du bois. Ce projet vise à couvrir toute la chaîne de valeur, de la première à la troisième transformation, dans l’objectif de réduire les exportations de grumes, créer des emplois qualifiés et soutenir une économie plus verte. L’initiative s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de valorisation locale des ressources naturelles, annoncée depuis la fin de l’exportation brute des matières premières.

Selon les termes du partenariat, l’État s’engage à fournir un accès régulier aux grumes et octroie à ETBG un droit d’usage sur une surface forestière de 50184 hectares, dans un cadre supposé durable. Le projet se veut exemplaire en matière de gestion forestière responsable. Il prévoit aussi une montée en gamme industrielle, capable de produire des meubles, du contreplaqué et des produits finis destinés au marché local et international. À terme, les autorités espèrent transformer structurellement une filière historiquement centrée sur l’exportation de matière première peu valorisée.

Mais cette ambition se heurte à des réalités budgétaires. Le document de cadrage budgétaire 2026–2028 signale que les dépenses publiques doivent faire face à un resserrement budgétaire progressif, dans un contexte de service de la dette élevé et d’arriérés persistants. Le financement de la contrepartie publique, même indirecte (aménagements logistiques, fiscalité incitative, appui à la formation), nécessitera des arbitrages rigoureux. Les investissements passés dans la Zone Économique Spéciale de Nkok ont montré que sans planification fine et accompagnement durable, les ambitions industrielles peuvent vite s’essouffler.

Par ailleurs, le secteur forestier gabonais reste exposé à de nombreux risques : surexploitation non maîtrisée, insuffisance des capacités de contrôle sur le terrain, dépendance à une main-d’œuvre peu qualifiée, et des filières locales encore peu structurées. La transition vers une industrie intégrée de la troisième transformation exige des infrastructures modernes, une énergie abondante et un système logistique performant. À ce jour, ces conditions ne sont que partiellement réunies, surtout hors de la zone de Nkok. L’exemple du Cameroun, qui tente lui aussi de réduire les exportations de grumes, montre que les résultats sont lents sans mécanismes coercitifs et incitatifs clairs.

Si ce PPP peut contribuer à relancer une filière essentielle pour les exportations non pétrolières du pays, il doit s’accompagner d’une gouvernance rigoureuse, d’un suivi indépendant et d’un véritable accompagnement industriel. Sans ces garde-fous, l’accès privilégié aux ressources forestières risque d’alimenter des tensions ou des dérives. L’industrialisation du bois au Gabon reste un défi complexe, où la cohérence entre les annonces politiques, les capacités budgétaires et les réalités du terrain fera toute la différence.

spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img
spot_img

Derniers Articles