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Gabon: un service de la dette qui flambe plus vite que la croissance

le coup de coeur

Le Gabon a vu le service de sa dette publique croître à un rythme qui dépasse largement celui de l’économie nationale, soulevant des interrogations sur la soutenabilité budgétaire à moyen terme. Selon le Bulletin statistique de la dette publique, « au 31 mars 2025, le service cumulé de la dette publique s’est chiffré à 700,9 milliards de fcfa », contre 379,5 milliards à la même période en 2024. Cette augmentation de 321,4 milliards de fcfa, soit +84,7%, traduit une dynamique d’endettement rapide qui dépasse largement l’évolution des recettes de l’État. En d’autres termes, le pays dépense beaucoup plus pour rembourser ses créanciers qu’il n’augmente ses revenus, ce qui comprime la marge budgétaire disponible pour financer les investissements et les services publics essentiels.

Cette hausse est alimentée à la fois par la dette extérieure et par la dette intérieure. Le rapport précise que « cette hausse significative résulte de l’importante augmentation conjuguée du service extérieur et intérieur respectivement de 140,3% et de 52,8% ». Le service extérieur est passé de 138,3 milliards de fcfa au premier trimestre 2024 à 332,2 milliards en 2025, tandis que la dette intérieure est passée de 241,3 à 368,7 milliards de fcfa. Cette double contribution montre que l’augmentation du poids de la dette n’est pas uniquement liée à l’exposition internationale, mais aussi au recours croissant à l’endettement sur le marché domestique, notamment via les obligations et les facilités bancaires.

Le coût des intérêts est un autre élément clé de cette pression budgétaire. En 2025, le montant des intérêts payés au premier trimestre atteint 108,5 milliards de fcfa, contre 79,7 milliards l’année précédente. Bien que le remboursement du principal reste largement majoritaire avec 592,5 milliards de fcfa, l’augmentation de la charge d’intérêts reflète un coût de financement plus élevé, conséquence probable de l’émission de titres à des taux supérieurs sur les marchés régionaux et internationaux. Dans ce contexte, chaque hausse de taux au niveau mondial ou régional peut peser lourdement sur la trésorerie publique.

Rapporté aux recettes budgétaires, le poids du service de la dette devient préoccupant. Le rapport fait état d’un ratio « Service/Recettes budgétaires » dépassant 49%, ce qui signifie qu’une part quasi équivalente à un franc cfa sur deux perçus par l’État est consacrée au remboursement de la dette. Ce niveau est particulièrement élevé pour un pays en développement qui doit aussi financer ses infrastructures, ses services sociaux et ses politiques publiques prioritaires. Plus ce ratio reste élevé, plus la capacité à investir dans l’économie réelle s’amenuise, créant un effet d’éviction pour les dépenses productives.

Cette trajectoire impose une réflexion stratégique urgente. Si la dette finance des projets à fort rendement économique, elle peut être soutenable à long terme, car les gains générés permettront de couvrir le service. Mais si elle sert principalement à combler les déficits courants, le risque est de tomber dans une spirale où chaque nouvel emprunt sert à rembourser les précédents. Dans ce cas, le pays s’expose à des tensions de refinancement et à une dépendance accrue vis-à-vis de ses créanciers, ce qui limite sa souveraineté économique.

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