Le FMI dans ses dernières perspectives régionales, salue le recul de l’inflation médiane en Afrique subsaharienne, passée de 6,5% fin 2023 à 4,5% début 2025. Ce repli s’explique par la baisse des prix de l’énergie et des denrées alimentaires. Le Gabon, comme d’autres pays de la région, profite de cet apaisement, mais la perception reste contrastée. Pour les ménages à faibles revenus, l’alimentation et le transport absorbent l’essentiel du budget. Or, ce sont aussi les postes les plus sensibles aux chocs.
La loi de finances 2025 ne prévoit pas de hausse généralisée des prix réglementés, mais les effets des hausses passées pèsent encore sur les niveaux de vie. L’urbanisation rapide, le manque de concurrence dans la distribution, et la faiblesse des mécanismes de soutien ciblés maintiennent une pression sur les prix à la consommation. Le FMI alerte : dans plusieurs pays, le taux d’inflation alimentaire reste supérieur à 6%, un seuil préoccupant pour les catégories vulnérables.
Cette dynamique pourrait à court-moyen terme, nourrir un mécontentement social. À court terme notamment, elle restreint la consommation des ménages et fragilise la reprise de la demande intérieure. À long terme, elle contribue à l’enracinement de la pauvreté, que même une croissance modérée ne parvient pas à résorber. La transmission des chocs mondiaux au niveau local reste trop forte, faute de dispositifs amortisseurs efficaces.
Le gouvernement devra concilier la stabilité macroéconomique avec une réponse sociale crédible. Toute chose qui pourrait passer par des mécanismes d’indexation partielle, le ciblage renforcé des subventions ou la constitution de stocks stratégiques sur certains produits de base. Ces choix seront d’autant plus nécessaires que les tensions inflationnistes mondiales sont loin d’être éteintes. Une inflation modérée est certes un bon signal macroéconomique, mais lorsqu’elle reste trop visible dans le panier quotidien des ménages, elle devient un enjeu politique et social.