Avec un service de la dette représentant désormais 33,3 % des revenus budgétaires, le Gabon fait face à une contrainte financière majeure. L’augmentation des emprunts contractés ces dernières années a entraîné une hausse significative des remboursements, réduisant ainsi les marges de manœuvre budgétaires et impactant la capacité du pays à financer ses dépenses prioritaires. Une situation qui soulève des inquiétudes quant à la soutenabilité de l’endettement et la stabilité économique du pays.
Depuis 2017, le Gabon a multiplié les emprunts sur les marchés financiers, accumulant plus de 1 800 milliards de francs CFA de dettes. Cette dynamique s’est traduite par une augmentation progressive du service de la dette, qui est passé de 23% des revenus budgétaires en 2018 à 33,3% en 2024. À titre de comparaison, le ratio moyen en Afrique subsaharienne se situe autour de 25%, ce qui place le Gabon parmi les pays les plus exposés au poids des remboursements. Le paiement des intérêts et du principal de la dette mobilise désormais une part croissante des ressources publiques, limitant la capacité d’investissement dans d’autres secteurs clés.
L’impact sur l’économie gabonaise est grandissant. Avec un tiers des revenus budgétaires consacré au remboursement de la dette, les dépenses dans les secteurs sociaux et les infrastructures sont réduites. Les budgets alloués à l’éducation, la santé et aux projets de développement sont revus à la baisse, retardant des initiatives essentielles pour la croissance et le bien-être des populations. Par ailleurs, l’augmentation de la charge de la dette engendre une pression accrue sur les finances publiques, obligeant l’État à recourir à de nouveaux emprunts pour financer ses besoins courants, créant ainsi un cercle vicieux d’endettement.
Les agences de notation internationales ont plusieurs fois alerté sur la viabilité financière du pays, révisant la note souveraine du Gabon à la baisse en raison du poids croissant de la dette. C’était encore le cas de Fitch Ratings ces dernières semaines, qui a abaissé la note souveraine du pays de CCC+ à CCC. Cette situation a pour conséquence directe d’augmenter le coût des futurs emprunts, les investisseurs exigeant des taux d’intérêt plus élevés pour compenser le risque perçu.
Face à cette réalité, une révision de la stratégie budgétaire s’impose désormais. La diversification de l’économie, le renforcement des recettes fiscales hors pétrole dont les recettes fiscales qui ont d’ailleurs dépassé les 1000 milliards de fcfa en 2024, et une gestion plus rigoureuse des finances publiques sont des pistes essentielles pour réduire la dépendance aux emprunts. Une transparence accrue dans l’allocation des fonds et une politique de réduction du déficit pourraient contribuer à restaurer la confiance des investisseurs et assurer une stabilité économique à long terme.