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ITIE Gabon : contributions sociales et environnementales, un défi entier pour les industries extractives 

le coup de coeur

Dans le cadre de son adhésion à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE), le Gabon est tenu de respecter l’exigence 6.1, qui impose la publication des contributions sociales et environnementales des entreprises. Ces contributions, qu’elles soient obligatoires ou volontaires, visent à redistribuer une partie des revenus extractifs aux communautés locales et à compenser les impacts environnementaux des activités industrielles. Pourtant, leur mise en œuvre reste insuffisante, limitant leur impact réel sur le développement socio-économique et environnemental.

Les rapports ITIE révèlent qu’en 2022, les entreprises extractives gabonaises ont déclaré des contributions sociales et environnementales totalisant 152,2 milliards de fcfa, dont 88,4 milliards pour des actions volontaires. Ces fonds ont principalement servi à financer des projets communautaires, tels que la construction d’écoles, de centres de santé, ou encore l’approvisionnement en eau potable. 

LIRE AUSSI : Évaluation et gestion des revenus des industries extractives : un défi de taille pour l’économie gabonaise 

Cependant, les investissements environnementaux, qui s’élèvent à seulement 27 milliards de fcfa, restent largement insuffisants pour répondre aux défis liés à la déforestation, à la pollution des sols et des eaux, ou encore à la destruction des écosystèmes. Ce décalage souligne un manque d’engagement des entreprises sur la durabilité environnementale.

Entre manque de transparence et absence de réelle redistribution des richesses

Le problème central dans la gestion de ces contributions est le manque de transparence et de mécanismes de suivi. Les fonds alloués au Fonds de développement des communautés locales (FDCL), censé redistribuer une partie des revenus extractifs aux populations locales, restent dérisoires avec seulement 6 milliards de fcfa en 2021, soit moins de 4% des contributions sociales et environnementales totales. 

En outre, l’absence de données pertinentes par entreprise ou projet, freine une évaluation claire de l’impact des dépenses déclarées. Ce flou alimente la méfiance des populations locales envers les entreprises extractives. 

152,2 milliards fcfa, un montant colossal, mais…

Souvent perçues comme exploitant les ressources sans apporter de bénéfices tangibles aux communautés affectées, elles sont entre deux feux. Or, avec 152,2 milliards de fcfa, soit l’équivalent de 25% du budget des investissements publics inscrits dans la loi de finances 2025, le Gabon aurait pu financer des projets de grande envergure pour améliorer les conditions de vie de ses citoyens. 

Par exemple, ces fonds auraient permis de construire plusieurs centaines d’écoles dans les zones rurales, de moderniser les hôpitaux régionaux, ou encore de lancer des programmes d’électrification dans des localités reculées. La construction d’un centre de santé coûte en moyenne 350 millions de fcfa au Gabon, ce qui signifie que ces contributions auraient pu permettre la réalisation de plus de 400 établissements de soins.

Un tel investissement aurait eu un impact direct et mesurable sur le bien-être des populations, réduisant ainsi les disparités sociales et géographiques. Quand on sait que le Samu social devient le principal outil de lutte contre la précarité sanitaire dans le pays avec la multiplication d’antennes, il aurait été plus judicieux de penser à ce genre d’investissements. 

Botswana et Ghana, des exemples africains

A titre de comparaison s’il en faut, des pays comme le Botswana et le Ghana ont mis en place des cadres réglementaires solides pour encadrer ces contributions sociales et environnementales. Ces nations imposent aux entreprises des obligations claires et mesurables, garantissant une redistribution équitable des richesses extractives. 

Le Botswana, par exemple, réinvestit systématiquement une partie de ses revenus miniers dans des infrastructures sociales et éducatives, contribuant ainsi à réduire la pauvreté et à améliorer les indicateurs de développement humain. De même, le Ghana a établi des mécanismes de suivi transparents pour s’assurer que les fonds alloués par les entreprises bénéficient réellement aux communautés. 

Pour le Gabon, le respect de l’exigence 6.1 passe donc par une réforme en profondeur de la gestion des contributions sociales et environnementales. Une gestion transparente des fonds comme le FDCL, n’est plus une option, mais une nécessité. Aux nouvelles autorités d’en prendre conscience. 

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