Les jeux de hasard connaissent une ascension fulgurante au Gabon. Loin d’être un simple divertissement, ils sont devenus une véritable industrie, captant une part croissante du revenu des ménages et générant des profits considérables pour les opérateurs du secteur. Face à cette expansion, l’État a bien compris l’opportunité fiscale et prévoit une hausse de 20% des recettes issues des taxes sur les paris sportifs et les loteries en 2025. Celles-ci atteindront 1,1 milliard de fcfa contre à peine 250 millions il y a 4 ans. Mais derrière ces chiffres alléchants, une autre réalité se dessine : celle d’une population désœuvrée qui, faute de perspectives économiques, tente de forcer le destin en misant sur des jeux où les probabilités de gain sont souvent minimes.
Les raisons de cette explosion
Loin d’être une simple question de taxation, ce phénomène soulève de graves enjeux sociaux et économiques qui interrogent sur la responsabilité de l’État face à un marché en pleine explosion, mais aux dérives inquiétantes. Les raisons de cette explosion sont multiples. D’une part, le chômage des jeunes atteint des niveaux alarmants, dépassant 35%, et dans ce contexte, les jeux de hasard apparaissent comme un moyen de gagner de l’argent rapidement, sans qualifications particulières.
D’autre part, les avancées technologiques ont facilité l’accès aux paris en ligne, permettant aux joueurs de miser en quelques secondes depuis leur téléphone. Aujourd’hui, plus de 60 % des mises enregistrées proviennent de plateformes numériques, un phénomène qui réduit le contrôle et l’encadrement de ces activités. Cette tendance pose un sérieux problème de santé publique. L’addiction aux jeux est une réalité grandissante, touchant de plus en plus de jeunes adultes et de ménages modestes.
Instaurer des mécanismes de contrôle stricts
On estime que 25% des joueurs réguliers consacrent plus de 20% de leurs revenus mensuels aux paris sportifs, parfois au détriment de leurs dépenses essentielles (loyer, alimentation, éducation). Certains témoignages révèlent des cas de surendettement et de détresse psychologique, exacerbés par la pression sociale et le mirage du « gain facile« . Face à ces enjeux, le rôle de l’État ne devrait pas se limiter à la taxation de ce secteur florissant.
Il serait judicieux d’instaurer des mécanismes de contrôle plus stricts et de sensibiliser la population aux risques de l’addiction. À titre de comparaison, en France, une partie des taxes sur les jeux de hasard est allouée à des programmes de prévention et de soutien aux joueurs compulsifs. En Suède, des limites de mise et des temps de jeu encadrés ont été imposés pour freiner l’addiction. Au Gabon, aucune régulation de ce type n’a encore été mise en place.
Ainsi, si l’augmentation des recettes fiscales issues des jeux de hasard est une aubaine pour le budget national, elle ne doit pas occulter la réalité sociale sous-jacente. L’État devra trouver un équilibre entre captation des revenus et protection des citoyens les plus vulnérables face aux dérives de cette industrie en plein essor. Une industrie qui compte de plus en plus d’opérateurs.