Quand L’Union a révélé que le contrat entre l’État gabonais, la SEEG et Karpowership coûterait 15 milliards de fcfa par mois, ça a immédiatement fait grincer des dents. Logiquement d’ailleurs, puisque sur 20 ans on parle de 3 600 milliards de fcfa ! Devant le tollé, le CTRI News, plateforme de communication de la transition, est venu rectifier le tir avec une infographie sortie de nulle part : en réalité, ce ne serait pas 15 milliards, mais 1,8 milliard de fcfa par mois. Problème : ce chiffre, en plus d’arriver tardivement, ne tient pas la route à l’épreuve des faits et des coûts de ce type d’investissements. Mais par-dessus tout, CTRI News n’est pas le Gouvernement de Transition ou son porte-parole.

1,8 milliard de fcfa par mois

Ainsi, juste avec le coût du fioul lourd, qui alimente ces fameuses centrales flottantes, on dépasse largement ces 1,8 milliard de fcfa. Produire 70 MW en continu, cela demande environ 11,3 millions de litres de fioul par mois selon les données des sites comme jancovici.com. À un prix moyen de 500 à 700 fcfa par litre comme c’est le cas au Gabon, on se retrouve avec une facture de carburant comprise entre 5,6 et 7,9 milliards de fcfa par mois. Rien que pour le carburant ! Alors comment les autorités veulent-elles faire croire aux Gabonais que tout cela, avec la location des centrales, l’entretien, le personnel et la marge bénéficiaire de Karpowership, coûterait seulement 1,8 milliard de fcfa? À moins que Karpowership fasse la charité au Gabon, ce qui est très peu probable, il y a clairement anguille sous roche.

Un montant plus crédible ?

Revenons maintenant sur ces fameux 15 milliards de fcfa. C’est sûr que le montant est exorbitant surtout quand on sait que le premier contrat tant décrié s’articulait autour d’un montant de 12 milliards de fcfa, mais il semble plus crédible. Si on prend l’exemple du Sénégal, Karpowership facturait environ 10 milliards de fcfa par mois pour une centrale de 120 MW.

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Si on ramène ça aux 70 MW du Gabon, on pourrait logiquement tabler sur une facture entre 5 et 7 milliards de fcfa pour la location et l’exploitation des centrales, auxquels s’ajoutent les 5,6 à 7,9 milliards de carburant. Bref, un coût total qui pourrait osciller entre 9 et 13 milliards de fcfa par mois. Et là, on est bien plus proche des 15 milliards annoncés initialement que des 1,8 milliard magiquement sortis du chapeau du CTRI News, sans que le gouvernement n’ait faur la moindre communication sur le sujet pour entretenir le flou.

Du fioul lourd

Même en comparant avec la Côte d’Ivoire, où 70 % de l’électricité est produite grâce au gaz naturel, bien moins cher que le fioul, on voit que quelque chose cloche. Là-bas, le coût de production tourne autour de 89 fcfa par kWh. En appliquant ce tarif aux 50 400 MWh produits par mois par Karpowership, on obtient un total de 4,5 milliards de fcfa. Or, au Gabon, on utilise du fioul lourd, bien plus cher. Comment donc une communication non-officielle, puisque n’émanant pas d’un communiqué d’un organe du CTRI, tente de faire croire aux Gabonais qu’ils s’en sortent avec 1,8 milliard ? Cela relève purement et simplement de l’absurde.

Un montant sous-évalué

Au final, qu’est-ce qui cloche? Soit le montant officiel est sous-évalué et une partie de la facture est planquée ailleurs peut-être sous forme de subventions cachées ou d’endettement dissimulé ? Soit les Gabonais sont baladés volontairement avec des chiffres qui n’ont aucun sens pour gagner du temps comme avec l’affaire du sabotage. Ce qui est certain, c’est que les Gabonais ont le droit de savoir combien coûte réellement ce contrat qui engage le pays jusqu’en 2045. Parce que si, demain, la SEEG commence à augmenter les tarifs EDAN sous prétexte qu’elle est étranglée financièrement, il ne faudra pas venir dire aux Gabonais que tout était sous contrôle.