Le Gabon raffole des voitures neuves. Avec près de 9 000 véhicules neufs vendus en trois ans et un chiffre d’affaires de 367 milliards de fcfa, le marché automobile est en pleine effervescence. Pourtant, un constat s’impose : toutes ces voitures sont importées. Le pays, malgré son attrait pour l’automobile, peine à se doter d’une véritable industrie locale capable de produire ou même d’assembler des véhicules sur son sol.
Dans plusieurs pays africains, notamment en Afrique du Nord et de l’Ouest, des usines d’assemblage automobile ont vu le jour, attirant des investisseurs et réduisant la dépendance aux importations. Au Gabon, l’idée semble encore hors de portée. Pourtant, le marché existe, la demande est forte et l’État est un client important. Le potentiel est là, mais plusieurs obstacles freinent toute initiative en ce sens : infrastructures limitées, manque de main-d’œuvre qualifiée et un environnement industriel encore en construction.
Un autre facteur crucial est le coût de l’énergie et de la logistique. Assembler des voitures nécessite une chaîne de production bien rodée et des coûts maîtrisés, notamment en électricité et en transport de pièces détachées. Or, au Gabon, les coûts restent élevés, rendant l’idée moins compétitive face aux importations de véhicules déjà montés à l’étranger. De plus, l’absence d’une politique incitative forte, avec des exonérations fiscales ou des facilités pour les investisseurs, n’encourage pas le développement d’une industrie locale.
Pourtant, plusieurs pays du continent ont prouvé qu’un modèle d’assemblage local était possible. Le Maroc, par exemple, est devenu un hub automobile majeur en Afrique grâce à une politique proactive, des incitations fiscales attractives et une formation technique adaptée. Même des pays comme le Ghana et le Rwanda ont attiré des constructeurs mondiaux pour des unités de montage. Pourquoi le Gabon ne pourrait-il pas en faire autant, ne serait-ce que pour des véhicules utilitaires adaptés au marché local ?
Si le Gabon veut transformer son amour des voitures neuves en une opportunité économique durable, il devra tôt ou tard repenser sa stratégie. Développer un écosystème automobile, même modeste au départ, pourrait créer de l’emploi, réduire la dépendance aux importations et renforcer la souveraineté industrielle du pays. Reste à savoir si l’État et les investisseurs auront la volonté de franchir le pas.