Longtemps perçu comme un matériau modeste, le raphia s’impose aujourd’hui comme un symbole d’élégance naturelle et de durabilité. Issu des feuilles du palmier du même nom, cultivé en Afrique de l’Ouest, à Madagascar ou encore aux Philippines, il traverse les époques en s’adaptant aux modes et aux enjeux écologiques contemporains. Du mobilier tressé aux accessoires de luxe, le raphia séduit désormais designers et créateurs indépendants, devenant une alternative recherchée aux fibres synthétiques. Mais au-delà de son attrait esthétique, il demeure profondément ancré dans les traditions africaines.
Un héritage culturel vivant
Dans de nombreuses sociétés, notamment au Congo et au Gabon, le raphia n’était pas qu’un simple matériau : il servait à fabriquer cordages, filets de pêche, nattes, mais aussi des étoffes destinées aux cérémonies royales et religieuses. Le fameux « tissu raphia » du Congo, aux motifs géométriques uniques, reste l’un des symboles les plus forts de ce patrimoine.

Au sein du projet « Gabon à la Une » créé par Martha Ccolque, Herman Moussodou, chercheur en anthropologie, membre de la Charte des peuples bantous de l’UNESCO, signe un ouvrage pour la valorisation et la transmission de notre histoire et notre savoir-faire artisanale. « Le livre dresse le parcours de ce textile fort convoité, depuis le royaume Loango et Kongo jusqu’au Gabon. Il raconte cette migration, ce voyage culturel, et comment les peuples gabonais se sont saisis de ce patrimoine pour en faire un élément identitaire », explique l’auteur.
Un ouvrage pour transmettre et sauvegarder
Dans son nouvel ouvrage Le raphia au fil du temps, publié aux éditions Martha Ccolque dans la collection Lumière sur le Gabon, l’écrivain explore les multiples dimensions de cette fibre, entre traditions séculaires et usages contemporains. Présenté officiellement le 20 août 2025, le livre met en lumière le rôle central du raphia dans les pratiques culturelles gabonaises et alerte sur la nécessité de préserver ce savoir-faire, de moins en moins transmis. Un atelier pratique, organisé au ministère de la Culture lors du lancement, a d’ailleurs permis de sensibiliser sur les techniques de traitement de cette fibre et sur son importance pour la mémoire collective.

Entre enracinement et ouverture
« La véritable culture est enracinement et déracinement », affirme Senghor. Cette assertion nous rappelle que le raphia n’appartient pas seulement au passé. Sorti de ses usages sacrés, il continue d’inspirer le présent et de s’intégrer dans la modernité, au carrefour de l’identité gabonaise et des influences mondiales. Des créateurs comme Nan’s Ethnik utilisent ce tissu noble pour faire de créations atypiques, vues portées par la Garde Républicaine Gabonaise ou sur des artistes de musique urbaine comme Tommy Tom.

Le raphia, à la fois plante, textile et symbole, n’est donc pas seulement un témoin de l’histoire. Il est lui-même une histoire en perpétuelle écriture, que le travail d’Hermann Moussodou contribue à préserver et à transmettre.








