Promesse industrielle ou opération de communication ? Un an après la reprise d’Assala Gabon par la Gabon Oil Company (GOC), Edgar Mba Ognane, son directeur général, a accordé une interview enthousiaste à L’Union, affirmant que l’entreprise se porte bien, « et même mieux qu’anticipé ». Selon lui, « la production quotidienne se situe désormais un peu au-dessus des 50 000 barils » soit « près d’un quart du pétrole gabonais ». Il vante une performance obtenue en « cassant la pente de déclin » naturel des champs, grâce à un plan d’urgence combinant forages, travaux d’intégrité et relance d’installations critiques.
Mais derrière cette communication fluide, des interrogations persistent sur la réalité de la transformation promise. Le rachat d’Assala par l’État est présenté comme une reprise de souveraineté nationale. « Jamais le Gabon n’avait contrôlé directement un volume de production pétrolière aussi significatif », souligne le DG, qui y voit une capacité nouvelle à prendre les décisions « chez nous, pour nous ».
Un objectif de 15 000 barils/jour
Le champ de N’Gongui, en développement, est ainsi annoncé comme « le premier nouveau gisement mis en production depuis l’avènement de la Ve République » avec un objectif de 15 000 barils par jour en 2026. Pourtant, la relance des permis existants, plutôt que l’acquisition de nouveaux blocs stratégiques, laisse planer un doute sur la profondeur de la vision industrielle. Autre point sensible : la gouvernance.

Edgar Mba Ognane assume le rôle stratégique du bureau de Londres, « pilier de nos opérations », chargé de la supervision technique et de l’accès aux marchés de capitaux. « C’est ainsi que nous faisons en sorte que la valeur stratégique de Londres serve concrètement le Gabon », dit-il. Toutefois, ce partage entre Libreville et Londres, loin de rassurer sur l’indépendance stratégique du modèle GOC-Assala, soulève des réserves sur la centralisation des décisions critiques hors du territoire national.
Un plan ambitieux
Sur le front environnemental, le DG annonce un plan ambitieux. « Nous avons signé une convention récente avec le ministère de l’Environnement », et visons « l’arrêt total du torchage opérationnel de routine d’ici à 2030 ». Trois axes sont évoqués : surveillance renforcée, renforcement des capacités administratives, et création d’une brigade dédiée. Mais ces engagements, à défaut d’indicateurs publics de suivi, ne suffisent pas à convaincre les observateurs sur la réalité des avancées environnementales.
Sur la question de la compétence locale, Edgar Mba Ognane veut rassurer : « Il y a eu beaucoup d’interrogations sur la capacité des Gabonais à gérer au jour le jour cette entreprise » mais aujourd’hui, Assala est au rendez-vous. « La direction générale était essentiellement composée d’expatriés » au moment du rachat, mais « c’est l’inverse aujourd’hui ».
Cette évolution, si elle est réelle, doit encore être consolidée par une politique claire de formation et de transfert de responsabilités. La réussite du champ de N’Gongui ne se mesurera pas seulement à ses barils, mais à sa capacité à démontrer qu’un modèle gabonais crédible est possible.