L’ambitieux rachat des actifs d’Assala Energy par la société publique Gabon Oil Company (GOC) en 2024, pour plus d’un milliard de dollar, était destiné à constituer une réalisation économique majeure pour le président de la transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. Saluée initialement comme une opération emblématique du « nouveau Gabon » se démarquant de l’ère Ali Bongo, cette préemption est aujourd’hui remise en question par une série de difficultés opérationnelles. Explications.
Nos confrères de Confidentiel, s’appuyant sur les données d’Africa Intelligence, ont ainsi révélé ce 21 février, que la baisse de production affecte lourdement la GOC. Les estimations internes à la GOC prévoient une chute de près de 823 000 barils en 2025, avec une production qui passerait de 16,7 millions de barils en 2024 (45 750 barils par jour) à environ 15,9 millions de barils en 2025 (43 560 barils par jour). Ce recul, concernant les six permis acquis (Rabi Kounga II, Toucan II, Bende M’Bassou Totou II, Koula/Damier, Gamba/Ivinga et Atora II), illustre les difficultés rencontrées lors de l’expansion des activités de la GOC.
Un risque financier
Ce léger recul contraste fortement avec les perspectives initialement avancées lors du rachat, rendant l’opération particulièrement sensible aux aléas du marché pétrolier comme il fallait s’y attendre. De plus, il s’avère délicat en termes de gestion économique. Le gouvernement gabonais s’était appuyé sur le négociant suisse Gunvor. Depuis le mois de septembre 2024, Gunvor reçoit désormais un remboursement mensuel de 12 milliards de fcfa. Sur la durée de cinq ans, cette dette s’élève à plus de 744 milliards de fcfa. Ce mécanisme financier, initialement conçu pour combler un potentiel déficit en s’appuyant sur des prévisions optimistes d’Assala Energy, expose désormais le pays à un risque financier significatif, surtout dans un contexte de baisse persistante de la production.
Gunvor, le grand gagnant
La situation actuelle pourrait donc dans l’absolu favoriser les intérêts de Gunvor. En effet, en cas de non-respect des engagements financiers par l’État gabonais, le négociant suisse pourrait, selon certains observateurs, se retrouver en position de prendre le contrôle de l’opérateur pétrolier. Ce risque potentiel accentue la fragilité du dossier, qui, au lieu de consolider l’image d’une gestion renouvelée du secteur pétrolier, pourrait bien devenir un levier de pression pour les créanciers.
En outre, cette opération, qui devait initialement illustrer une avancée vers un « nouveau Gabon« , se trouve désormais confrontée à une série d’incertitudes. La baisse de production, conjuguée aux enjeux financiers liés à l’emprunt auprès de Gunvor et aux difficultés de gestion interne au sein de la GOC, pose de sérieux défis pour l’avenir du secteur pétrolier national. Ces développements risquent de compromettre les perspectives à moyen et long terme du pays, mettant en exergue le caractère risqué de ce pari stratégique.