Dans le Projet de Constitution de la 2ème République du Gabon, l’existence d’un Sénat pose une nouvelle fois question. Composée de sénateurs élus pour cinq ans, la deuxième chambre du parlement est maintenue. Une structure qui semble, au regard des réalités économiques actuelles du pays, inopportune. Alors que le Gabon se trouve à la croisée des chemins, avec des besoins urgents de réformes économiques, sociales et institutionnelles, il est légitime de s’interroger sur la pertinence d’une telle chambre haute dans la future architecture institutionnelle du pays.
Le Sénat, par sa nature, représente une lourde charge pour le contribuable. Selon des estimations, chaque sénateur coûte environ 25 millions de fcfa par an au Gabon rien qu’en termes de salaire, ce qui, additionné aux coûts de fonctionnement de cette institution, atteint des sommes considérables. Dans un contexte où l’État doit resserrer son budget et prioriser les dépenses essentielles, notamment dans les secteurs sociaux comme la santé et l’éducation, l’existence d’un Sénat semble être un luxe dont le Gabon pourrait se passer. En effet, pour un pays dont l’économie fait face à des défis croissants, la rationalisation des dépenses publiques devient une priorité absolue.
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Plus alarmant encore, ce Sénat coûteux s’inscrit dans une réforme constitutionnelle qui semble être une copie de l’ancienne. Le Projet de Constitution de la 2ème République ne marque en rien une rupture avec le passé. En effet, il rappelle l’ancien texte en rétablissant le mandat présidentiel de 7 ans, une durée qui paraît anachronique au vu des pratiques dans les grandes démocraties où les mandats sont souvent limités à 4 ou 5 ans. En France, par exemple, la réduction du mandat présidentiel à 5 ans en 2000 visait à dynamiser la vie politique et rapprocher les dirigeants de leurs électeurs. D’ailleurs au Sénégal également, le mandat présidentiel est limité à 5 ans. De telles réformes contribuent à une alternance plus fréquente, à la responsabilisation des dirigeants et à une meilleure gestion de l’administration publique.
Retour vers le futur ou le passé ?
Le retour du mandat présidentiel de 7 ans au Gabon représente donc un retour en arrière pour un pays qui se doit pourtant de regarder vers l’avenir. À une époque où le Gabon doit prioriser des réformes structurelles profondes pour moderniser son économie et renforcer ses institutions, la nouvelle Constitution apparaît comme un miroir du passé plutôt qu’un levier de changement. Le maintien du Sénat et le prolongement des mandats présidentiels envoient un signal négatif : celui d’un frein aux réformes nécessaires et d’une perpétuation des pratiques qui ont longtemps contribué à la stagnation du pays.
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Dans une perspective de gouvernance efficace et de rationalisation des dépenses publiques, l’abrogation du Sénat et la réduction du mandat présidentiel à des durées plus en phase avec les réalités contemporaines s’imposent. Pour que le Gabon puisse réellement s’engager sur la voie du progrès, il est temps d’adopter des réformes qui favorisent la transparence, la responsabilité et une gestion plus rigoureuse des deniers publics.