L’histoire du Gabon est jalonnée de tensions politiques, d’exclusions et de crises institutionnelles qui ont creusé des fractures profondes dans la société. La création d’une commission “Vérité, justice, réparation et réconciliation” s’inscrit, selon le candidat de la plateforme “Ensemble pour le Gabon” Alain Claude Bilie-By-Nze (ACBBN), dans une volonté de reconstruire la confiance nationale en traitant les injustices du passé. Cette approche rappelle celle adoptée par l’Afrique du Sud après l’apartheid, où la Commission Vérité et Réconciliation (TRC) a permis d’examiner les crimes du régime tout en encourageant la réconciliation nationale.
Faire la lumière sur les abus du passé
L’un des objectifs de cette commission selon ACBBN, sera de « faire la lumière sur les abus du passé, qu’ils concernent la gouvernance, la répression politique ou encore les inégalités économiques ». Au Gabon, plusieurs événements ont marqué les mémoires, notamment les violences post-électorales de 2016, la mise à l’écart d’opposants historiques sous les régimes Bongo, ou encore les cas de détournements de fonds publics ayant aggravé la pauvreté. Un « travail de documentation et d’écoute sera nécessaire pour répondre aux attentes des citoyens et établir une vérité officielle » sur ces faits.
Réparations et justice
Un autre enjeu clé sera la question des réparations et de la justice. La réconciliation ne pourra être effective sans des actions concrètes pour rétablir l’équilibre entre les victimes et l’État. Cela pourrait passer par des indemnisations, des réformes institutionnelles et des sanctions contre les responsables de violations graves. Toutefois, l’expérience montre que ces démarches sont complexes : en Côte d’Ivoire, par exemple, la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation (CDVR) mise en place après la crise de 2011 a eu peu d’impact faute de volonté politique et d’indépendance effective.
Impartialité et processus transparent
Le succès de cette commission dépendra donc de son impartialité et de son ancrage dans un processus politique transparent. Il sera crucial d’éviter qu’elle ne soit perçue comme un outil partisan ou une manœuvre pour apaiser temporairement la population. Des mécanismes de suivi, incluant des organisations de la société civile et des observateurs internationaux, pourraient renforcer sa légitimité et garantir que ses recommandations soient appliquées.
LIRE AUSSI : Gabon : Bilie-By-Nze prône une rupture économique et souveraine
En définitive, la mise en place de cette commission pourrait être une étape décisive dans la refondation du Gabon, à condition qu’elle ne soit pas un simple exercice de communication. Son efficacité dépendra du niveau d’engagement des autorités, de la capacité à traduire les conclusions en réformes concrètes, et de l’adhésion de la population à ce processus