Le projet « Bâtissons l’édifice nouveau » de Brice Clotaire Oligui Nguéma promet de « renforcer et étendre la couverture maladie à l’ensemble des populations, y compris dans le secteur informel ». Il prévoit de consolider la CNAMGS, d’élargir les paniers de soins et de rationaliser les dépenses médicales. Mais le document reste évasif sur les mécanismes de financement, notamment pour les populations non salariées, qui représentent plus de 60% de la population active.

Pendant la transition, la CNAMGS a repris en main certaines procédures de remboursement, et une mission d’audit interne a été engagée. Mais les dettes vis-à-vis des structures de santé et des pharmacies persistent, affaiblissant la crédibilité du dispositif. Aucun plan de viabilité financière n’a été rendu public jusqu’à présent.

Le projet ne précise pas si un système contributif modulé (selon les revenus) est envisagé, ni comment seront gérés les flux financiers entre les caisses, les prestataires et l’État. Or, dans les pays qui ont réussi (comme le Ghana), la viabilité de la CMU repose sur une fiscalité affectée, des contributions universelles modestes mais obligatoires, et un contrôle rigoureux des dépenses.

Il est également étonnant que le projet n’aborde pas la question du contrôle de la fraude, pourtant massive dans le système actuel. Pas de mention d’un dossier médical numérique, ni de base de données interconnectée avec l’état civil ou les services fiscaux, ce qui limite toute possibilité d’optimisation.

En conclusion, la promesse d’une couverture maladie universelle est séduisante, mais elle reste suspendue à une réforme structurelle de la CNAMGS, une meilleure gouvernance financière et une stratégie de financement claire. Sans cela, la CMU risque d’être une promesse de plus, non soutenable à moyen terme.