Le projet « Bâtissons l’édifice nouveau » de Brice Clotaire Oligui Nguema fait le pari d’un « système de santé de proximité, orienté vers la prévention et la couverture des besoins essentiels ». Il évoque la construction de « centres de santé intégrés dans chaque canton », la montée en puissance de la télémédecine et la gratuité progressive des soins de première ligne. Cette vision décentralisée, si elle est bien mise en œuvre, pourrait corriger l’hyper concentration actuelle des services à Libreville et Franceville.
Des centres de santé à l’intérieur du pays
Durant la transition, des efforts ont été constatés avec l’opérationnalisation de plusieurs centres de santé à l’intérieur du pays, notamment dans le Moyen-Ogooué, ainsi que le lancement du programme « villages intelligents » intégrant des composantes de santé numérique. Toutefois, ces initiatives restent limitées en couverture et dépendent souvent d’ONG ou de financements extérieurs ponctuels.
Le projet ne précise pas clairement le ratio personnel médical/population visé, ni la stratégie de formation et de fidélisation des agents de santé dans les zones reculées. Or, en 2022, le Gabon comptait moins de 0,6 médecin pour 1000 habitants selon l’OMS, avec de fortes disparités régionales. Sans un plan RH solide, la multiplication des centres risque de ne pas améliorer l’accès effectif aux soins.
L’exemple Rwandais
À titre comparatif, le Rwanda a renforcé son système de santé communautaire en s’appuyant sur des agents de santé locaux formés, appuyés par des outils numériques simples, avec un impact mesurable sur la réduction de la mortalité maternelle. Le Gabon pourrait s’inspirer de ce modèle plutôt que de tout miser sur la construction d’infrastructures.
L’approche du projet « Bâtissons l’édifice nouveau » de Brice Clotaire Oligui Nguema sur la santé primaire va dans la bonne direction, mais son réalisme dépendra de la capacité à structurer durablement le maillage humain, logistique et numérique, au-delà des annonces. La transition a amorcé certains mouvements, mais le changement d’échelle reste à prouver.
