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Référendum 2024 : une durée de mandat à 7 ans déjà problématique 

le coup de coeur

La durée de sept ans du mandat présidentiel, telle qu’elle est définie dans le projet de nouvelle constitution du Gabon (2024), n’a pas seulement des implications politiques et sociales, mais pourrait aussi avoir des conséquences majeures sur l’économie du pays. Bien que la stabilité politique soit souvent perçue comme un facteur de prévisibilité économique, la longue durée d’un mandat présidentiel, particulièrement avec la possibilité de réélection une seule fois, soulève des questions sur la durabilité des politiques économiques et la compétitivité du pays sur le plan régional et international.

Un mandat de sept ans, bien que renouvelable une seule fois, offre au Président un pouvoir considérable pour orienter l’économie du pays sur une période prolongée. Cela peut entraîner plusieurs effets, à la fois positifs et négatifs. Un pouvoir exécutif stable pendant plusieurs années peut permettre la mise en œuvre de réformes économiques à long terme. Le Gabon, riche en ressources naturelles (pétrole, manganèse, bois), pourrait user de cette opportunité pour diversifier son économie. Cependant, cette stabilité dépend de la gestion efficace de ces ressources et des décisions prises par l’exécutif. Une administration qui dure longtemps peut offrir le temps nécessaire pour conclure des contrats à long terme, développer des infrastructures majeures et structurer des politiques économiques ambitieuses. Dans le meilleur des cas. 

Néanmoins, face à l’histoire ancienne et récente du pays, des questions restent en suspens. L’un des principaux inconvénients d’un mandat présidentiel long est la possibilité de l’inertie économique comme on a pu le voir sous Omar Bongo. Le fait que le même président puisse rester au pouvoir pendant 14 ans (mandat initial de 7 ans + réélection) peut entraîner un manque de dynamisme économique. L’absence de renouvellement dans la direction du pays peut rendre l’économie vulnérable à la stagnation et empêcher l’émergence de nouvelles idées ou de réformes nécessaires pour moderniser certains secteurs économiques, notamment l’agriculture, l’industrie et les services. 

De plus, le manque d’alternance peut réduire la capacité du pays à adapter ses politiques économiques aux réalités mondiales, notamment face aux crises économiques mondiales, comme les fluctuations des prix du pétrole ou les défis liés au changement climatique. En outre, un pouvoir exécutif concentré sur une longue période peut également accroître les risques de corruption et de clientélisme. L’absence de renouvellement régulier du leadership entraîne souvent une dépendance accrue à des réseaux informels, où l’élite au pouvoir contrôle les ressources de l’État. Au Gabon, où les entreprises d’État jouent un rôle important dans l’économie, cela peut exacerber des problèmes existants, tels que la gestion opaque des contrats publics et des ressources naturelles.

Un autre défi et l’histoire du Gabon le démontre, réside dans la gestion des ressources pétrolières et minières. Un pouvoir qui s’enracine et un Président qui reste trop longtemps en place, peut prendre des décisions économiques en fonction de l’intérêt personnel ou de celui de quelques acteurs proches du pouvoir, au lieu de viser l’intérêt national à long terme. L’histoire du Gabon en est l’exemple le plus frappant. Toute chose qui peut également freiner l’attractivité économique du pays pour les investisseurs étrangers, qui préfèrent souvent des systèmes politiques plus transparents et plus prévisibles sur le long terme.

Dans un contexte pareil, l’économie gabonaise pourrait également souffrir de déséquilibres dans la répartition des richesses, étant entendu que le manque de renouvellement politique peut renforcer des pratiques économiques inéquitables, où une élite gouvernante se partage les ressources publiques au détriment du développement économique inclusif et de la réduction des inégalités. La durée prolongée d’un mandat présidentiel peut également réduire la capacité du Gabon à s’adapter rapidement en période de crise économique. Dans un environnement mondial où les crises financières, les fluctuations des prix des matières premières et les tensions géopolitiques sont courantes, la réactivité économique devient primordiale. Couchée des lignes de cette nature dans le projet de nouvelle constitution pourrait donc potentiellement avoir des conséquences graves sur l’économie. 

La durée du mandat présidentiel de sept ans, bien qu’elle puisse offrir une stabilité politique apparente, présente des risques économiques notables. Elle peut favoriser la concentration du pouvoir, limiter la compétitivité économique et ralentir les réformes nécessaires face à des crises économiques mondiales ou nationales. En outre, un mandat long pourrait amplifier les risques de corruption, de clientélisme et d’inefficacité dans la gestion des ressources. Si le Gabon ne met pas en place des contre-pouvoirs institutionnels solides et ne favorise pas l’alternance politique, ce système pourrait freiner son développement économique à long terme, en particulier dans un contexte régional où d’autres pays africains optent pour des modèles économiques plus flexibles et réactifs.

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