Dans une analyse lucide, Sylvain-Ulrich Obame, avocat à la Cour d’appel de Paris et vice-président ADS, propose des pistes de solutions à la problématique du retour des cerveaux au Gabon après leurs études à l’étranger. Une réflexion qui intervient à la suite de la décision du président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de supprimer les bourses d’études vers le Canada, la France et les États-Unis à partir de 2026. Pour le candidat aux élections législatives, au 2ème siège des Gabonais de l’Etranger (Europe – Amérique – Asie et Océanie), le «Gabon, […], doit ouvrir les bras à sa diaspora universitaire». Lecture.
L’annonce de la suspension des bourses d’études vers le Canada, la France et les États-Unis à partir de 2026 bouscule les trajectoires de centaines de jeunes Gabonais porteurs d’espoirs, de savoir, de rêves d’excellence et d’un avenir meilleur pour notre nation. Face à cette réalité, il ne s’agit pas de renoncer à l’ouverture ni de dresser des barrières, mais bien d’inventer un nouveau pacte de confiance entre l’État, la jeunesse et la diaspora scientifique gabonaise. Face cette situation, Sylvain Obame, candidat aux élections législatives et avocat défenseur de la diaspora, propose une stratégie nouvelle, ambitieuse et profondément humaine pour transformer cette contrainte en opportunité de « retour circulaire » des cerveaux gabonais.
Le temps n’est plus à la fuite des cerveaux, conséquence souvent douloureuse d’un exil qui, loin de profiter au pays, finit par l’appauvrir de ses forces vives formées avec soin et investissement. Pourtant, la douleur du déracinement, l’angoisse du retour impossible, l’impression d’être sacrifié entre deux mondes portent une charge humaine que nul gouvernement responsable ne saurait ignorer. Le Gabon, au contraire, doit ouvrir les bras à sa diaspora universitaire. J’en appelle solennellement à la création de nouveaux mécanismes d’échanges académiques et scientifiques, pour concilier notre désir légitime de souveraineté, la contrainte budgétaire, et le droit, pour chaque Gabonais, de servir et d’aimer sa patrie, où que le portent ses pas.
Ma proposition : 1. Création d’un Fonds National pour la Mobilité Académique Solidaire (FNMAS)
• Financement public-privé alimenté par l’État, les entreprises responsables et la diaspora elle-même.
• Attribution de bourses de mobilité ou de retour, avec convention de transfert de savoirs au profit des institutions gabonaises à l’issue du séjour international.
• Mise en place d’accords bilatéraux et multilatéraux ciblés : négociations avec les universités partenaires du Nord (France, Canada, États-Unis) pour obtenir des exonérations partielles ou totales de droits d’inscription, dans un esprit de partenariats gagnant-gagnant.
• Renforcement du programme d’accueil d’enseignants et chercheurs internationaux au Gabon : attractivité des campus gabonais par la valorisation salariale, la reconnaissance des qualifications et le financement de chaires mixtes.
• Instauration d’un Passeport Scientifique Gabonais.
• Valorisation systématique du retour circulaire.
Il s’agit d’établir un programme d’échanges académiques circulaires, où chaque universitaire ou scientifique gabonais de la diaspora est invité non seulement à transmettre son savoir, mais à revenir régulièrement construire l’université de demain : tables rondes, laboratoires conjoints, projets de recherche multinationaux, enseignements hybrides et séjours réguliers encadrés, créeraient ce pont tangible entre le Gabon d’ici et le Gabon d’ailleurs.
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Poussons plus loin : chaque année, à l’issue de leur mobilité, nos compatriotes seraient accueillis, reconnus, valorisés dans leur expertise, bénéficieraient d’un statut spécial d’ambassadeur du savoir, avec des incitations au retour — accès facilité à la recherche, à l’entrepreneuriat scientifique, et à la transmission dans leur université d’origine ou de cœur.
En contrepartie, j’appelle à la réorientation des financements vers des dispositifs binaires : soutenir des échanges Sud-Sud, déployer des partenariats stratégiques avec d’autres nations africaines, tout en consacrant une part essentielle à l’attractivité locale — rehaussement du niveau scientifique national, construction de centres d’innovations technologiques au Gabon, et développement de réseaux numériques de collaboration à distance, pour que l’excellence gabonaise ne soit plus conditionnée à l’exil, mais à l’engagement.
Je refuse la fatalité de voir nos enfants, nos chercheurs, condamnés à l’errance ou à l’oubli. Leur rêve d’excellence ne peut être brisé par une décision administrative. Au contraire, que la suspension des bourses soit un sursaut éthique : saisissons-la pour bâtir une politique gabonaise de la circulation des cerveaux. Un pays qui investit dans sa jeunesse ne doit jamais craindre de la voir partir, à condition que ce départ soit la promesse d’un retour, d’un partage, d’une nation plus instruite, plus forte, et fière de ses enfants à travers le monde.
Aucune femme, aucun homme, aucun enfant de la République ne devrait avoir à choisir entre son rêve et sa terre natale. En tant que candidat aux élections législatives, et au nom de la vision humaniste à laquelle je suis profondément attaché, je plaide pour un Gabon où la circulation des savoirs ne soit pas un arrachement mais une promesse, un devoir partagé, une main tendue, une route du retour jamais coupée. Ce n’est qu’ainsi qu’ensemble, issus d’ici et d’ailleurs, nous pourrons bâtir un avenir juste, rayonnant et fraternel pour toute la jeunesse du Gabon.
Par cette proposition, je tends la main à tous les partenaires : diaspora, institutions étrangères, entreprises, et familles gabonaises. Ensemble, refusons « la mort de l’espoir » pour nos scientifiques et nos universitaires. Écrivons une page de justice, de dignité et d’avenir – celle d’un Gabon ouvert, équitable et rayonnant par sa jeunesse et sa science.
Sylvain-Ulrich Obame
Avocat à la Cour d’appel de Paris
Vice-Président ADS
Candidat aux élections législatives, 2ème siège des Gabonais de l’Etranger (Europe – Amérique – Asie et Océanie)