Le récent contrat signé entre la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) et Karpowership, filiale du groupe turc Karadeniz Holding, continue de provoquer de vives réactions dans l’opinion. Alors que le gouvernement a récemment suspendu le projet, dénonçant des insuffisances notables dans sa mise en œuvre, la directrice des opérations commerciales de Karpowership, Zeynep Harezi Yilmaz, a défendu fermement les atouts économiques et technologiques de son entreprise et le potentiel de cet accord, du moins sur le plan opérationnel.
Une solution économiquement compétitive
Lors d’une interview accordée au quotidien L’Union, Zeynep Harezi Yilmaz a précisé que « Karpowership a signé un contrat de cinq ans avec la SEEG le 9 mai 2024 pour fournir jusqu’à 150 MW d’électricité fiable et flexible grâce à nos centrales électriques flottantes. Dans le cadre de ce projet, deux navires, le KPS-50 Koray Bey et le KPS-52 Nezih Bey, ont été mobilisés à Libreville et sont aujourd’hui pleinement opérationnels ». Dans le même élan, elle a également affirmé que le projet représentait une solution économiquement compétitive et durable pour le Gabon, soulignant le fait que « leur technologie permet de réaliser des économies de l’ordre de 30 à 40 % par rapport aux solutions existantes». Sur le plan opérationnel donc, ce projet représente un atout pour le Gabon, en quête de mix énergétique.
LIRE AUSSI : Gabon / SEEG : Karpowership, un acteur controversé sur la scène mondiale
Cependant, les contours entourant la signature de contrat sont remis en cause. A ce sujet, concernant les critiques, Zeynep Harezi Yilmaz a souligné que « nous avons mené toutes nos opérations avec transparence, respectant nos obligations contractuelles. Ce projet est conçu pour offrir une stabilité énergétique et favoriser la croissance économique du Gabon ». C’est là où le bât blesse. Le passé controversé de Karpowership dans d’autres pays assombrit la légitimité de ce contrat. En effet, des accusations de corruption en Afrique du Sud, de pots-de-vin au Pakistan, et d’opacité dans plusieurs marchés mondiaux ont suscité des inquiétudes.
Une approche commerciale remise en question
Ces antécédents renforcent les critiques à l’encontre du contrat signé avec la SEEG, déjà décrié pour son tarif élevé de 123 fcfa par kWh. Cette affaire qui met en lumière les faiblesses structurelles de la passation des marchés publics au Gabon, a révélé de nombreuses lacunes menant à des engagements financiers excessifs. Ce n’est donc pas la capacité de l’opérateur à fournir un service de qualité qui est ici remise en cause, étant entendu que ce service public est déficient, mais bien l’approche commerciale de l’entreprise turque.

Alors que la SEEG est actuellement sous administration provisoire, cette crise souligne l’urgence de moderniser la gouvernance dans la passation des marchés. Une réforme complète, axée sur la transparence, la concurrence équitable et la responsabilisation des acteurs, est essentielle pour éviter de nouveaux dérapages. Les propos de Zeynep Harezi Yilmaz, bien que défendant les intérêts de Karpowership, ne suffiront sans doute pas à apaiser les doutes sur ce projet et sur les mécanismes institutionnels qui l’ont permis.








