Le Conseil des ministres de ce 8 septembre 2025 a tiré la sonnette d’alarme sur la situation du crédit au Gabon, en particulier dans les secteurs bancaire et de la microfinance. La multiplication des créances douteuses et litigieuses, résultant du non-remboursement des prêts, menace la solidité du système financier national. Si rien n’est fait, cette bombe à retardement pourrait fragiliser l’économie et limiter la capacité des banques à soutenir les investissements productifs dont le pays a cruellement besoin.
Face à ce risque, l’exécutif a annoncé une série de réformes destinées à assainir le secteur. L’objectif étant de renforcer la stabilité du système bancaire, améliorer la gouvernance des établissements financiers et instaurer des mécanismes de prévention des risques systémiques. Ce signal intervient alors que le Gabon ambitionne de mobiliser des financements massifs pour son développement (plus de 3300 milliards de fcfa d’investissements prévus en 2026), mais que la confiance des investisseurs reste étroitement liée à la santé de son système bancaire.
Parmi les mesures phares, le gouvernement entend conditionner l’accès à la fonction de directeur général des banques, des établissements financiers et de microfinance opérant au Gabon. Désormais, ces postes seront réservés en priorité aux nationaux, dans une logique de « gabonisation » des responsabilités stratégiques. Une exception pourra toutefois être accordée par le Comité national économique et financier (CNEF), mais uniquement à titre dérogatoire, traduisant la volonté de donner la primauté aux compétences locales.
Cette décision s’inscrit dans un contexte où plusieurs banques de la place sont encore dirigées par des expatriés, parfois accusés de méconnaître les réalités locales ou de privilégier des logiques extérieures. En imposant la gabonisation de la haute direction, les autorités entendent renforcer l’ancrage national de la gouvernance financière et responsabiliser davantage les cadres gabonais.