La Société Nationale Immobilière (SNI) a initié une consultation publique avec les habitants de Bikélé-Zong, à la périphérie sud-ouest de Libreville, afin de leur présenter deux projets majeurs prévus sur ce site stratégique. Il s’agit, d’une part, de la construction de 400 logements sociaux, et d’autre part, de l’ouverture d’une nouvelle voie de désenclavement entre Bikélé-Zong et Essassa. Ces projets s’inscrivent dans le cadre plus large des ambitions gouvernementales en matière d’aménagement urbain et d’amélioration de l’accès au logement pour les ménages à revenus modestes.
Bikélé-Zong : une croissance démographique
Le choix de Bikélé-Zong ne doit rien au hasard. Cette zone connaît une croissance démographique soutenue ces dernières années, ce qui demande des investissements en matière d’infrastructures de base. La voie projetée vers Essassa, notamment, répond d’ailleurs à une demande pressante en matière de mobilité. Elle devrait désengorger les axes existants et faciliter les trajets quotidiens entre les quartiers périphériques et le centre de Libreville. Quant aux logements sociaux annoncés, ils s’inscrivent dans une stratégie de diversification de l’offre, afin de lutter contre la spéculation foncière et de proposer des alternatives viables aux habitats précaires.

Une méthode de travail transparente et participative
Mais cette ambition urbanistique soulève déjà des inquiétudes. Une partie du site visé est actuellement occupée par des familles ne disposant pas de titres fonciers formels. Ces dernières risquent d’être déplacées dans le cadre du projet. La SNI a tenté de désamorcer les tensions en assurant que des mécanismes d’accompagnement social seront activés. Elle a notamment évoqué le cas des victimes d’arnaques foncières, promettant un traitement particulier pour ces situations complexes. Mais pour nombre de riverains, la peur d’une expulsion sèche reste vive, alimentée par le souvenir d’autres opérations menées sans ménagement dans le passé.
C’est dans ce contexte sensible que la SNI entend instaurer une nouvelle méthode de travail à la fois plus transparente et plus participative. La tenue de cette consultation publique, bien que tardive pour certains, s’inscrit dans cette volonté. Il s’agit de créer un espace de dialogue permettant à toutes les parties de s’exprimer, d’identifier les conflits potentiels, et de chercher des solutions concertées avant le lancement des travaux. Une posture louable, mais qui devra se traduire par des actes concrets dans la gestion des cas litigieux.

À l’heure où Libreville étouffe sous la pression foncière et l’inflation immobilière, le projet de Bikélé-Zong cristallise les contradictions d’une politique de logement encore à la recherche de son équilibre : entre urgence sociale, impératifs de modernisation urbaine, et déficit chronique de régulation foncière. La réussite de ces deux chantiers dépendra autant de leur qualité technique que de la capacité de la SNI à gagner la confiance des populations concernées. Cette consultation de la SNI s’inscrit donc dans une démarche de transparence et de dialogue avec les communautés, afin de garantir une mise en œuvre harmonieuse du projet.