Depuis plusieurs années, le secteur du Bâtiment et des Travaux Publics (BTP) au Gabon souffre d’un ralentissement économique lié aux retards de paiement de l’État. Nombreuses sont les entreprises qui accumulent des créances en attente, mettant en péril la survie de nombreuses structures et l’emploi de milliers de travailleurs. La dette intérieure du pays, qui s’élevait à 2 889,8 milliards de fcfa à fin septembre 2024, reflète l’ampleur du problème. Cette situation pèse non seulement sur la capacité des entreprises à fonctionner, mais aussi sur l’ensemble de l’économie nationale, freinant la relance et la croissance.
C’est donc conscient de cette impasse que le président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema, a reçu le 19 février 2025 une délégation de la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG), composée notamment d’acteurs du secteur du BTP. Cette rencontre visait à discuter des mesures d’urgence pour relancer le secteur et apaiser les tensions financières. À l’issue des discussions, le chef de l’État a annoncé le déblocage de 30 milliards de fcfa en faveur des entreprises du BTP, destinés à régler une infime partie des créances en attente. Si cette somme représente un soulagement ponctuel, elle est loin de résoudre le problème de fond.
Pour mieux saisir l’impact de cette décision, il est essentiel de la remettre en perspective. Cette avance de 30 milliards de fcfa ne représente que 1,04% de la dette intérieure totale. Autrement dit, la grande majorité des sommes dues aux entreprises reste impayée, alimentant les inquiétudes des professionnels de différents secteurs. D’autant plus que la dette publique globale du Gabon, incluant la dette extérieure et intérieure, atteint des sommets avec un encours de 7 075,0 milliards de fcfa au 30 septembre 2024.
Si ce premier décaissement marque une avancée, il soulève aussi de nombreuses interrogations. Les acteurs du BTP et plus largement les entreprises du pays attendent des engagements clairs et un calendrier précis pour le remboursement des créances en suspens. Sans une stratégie plus ambitieuse, cette annonce risque de n’être qu’un pansement temporaire sur une plaie ouverte.
Il appartient désormais à l’État de prendre la mesure de l’urgence et d’adopter une vision à long terme pour assainir les finances publiques et restaurer la confiance des entreprises, moteur essentiel de la relance économique du pays. Les dettes accumulées par l’État ne datent pas d’hier et concernent des montants bien plus importants. En 2024, la dette publique représente environ 73% du PIB selon les données du FMI, un niveau inquiétant qui montre la difficulté du pays à résorber son endettement.
L’augmentation des taux d’intérêt et la pression des bailleurs de fonds ajoutent une contrainte supplémentaire, rendant impératif un assainissement des finances publiques. Une vision à long terme pour restaurer la confiance des entreprises, moteur essentiel de la relance économique du pays, doit être implémentée. Un plan de paiement structurant, étalé sur plusieurs années et appuyé par des ressources budgétaires réalistes, pourrait déjà être une solution viable.