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Budget 2023 : un excédent historique… mais des caisses presque vides selon la loi de règlement 

le coup de coeur

L’exécution de la loi de finances 2023, arrêtée à 3 602,3 milliards de fcfa, a révélé une situation budgétaire paradoxale. D’un côté, l’État a enregistré un excédent budgétaire record de 1320,6 milliards de fcfa sur ses opérations courantes. De l’autre, la trésorerie a affiché un déficit préoccupant de 516,3 milliards de fcfa. En gros, le Gabon a terminé l’année avec des comptes “positifs” sur le papier… mais avec moins de liquidités disponibles pour financer ses engagements immédiats. Un peu comme le FGIS qui a triplé ses actifs mais accusé une perte de près d’un milliard. 

C’est ce qu’a révélé le conseil de ministres de ce mardi 12 août. Cette performance budgétaire a été rendue possible grâce à des recettes supérieures aux prévisions. Les revenus du budget général ont atteint 2 878,8 milliards de fcfa, soit un taux de recouvrement exceptionnel de 132,99%. Les impôts, taxes et autres recettes fiscales ont constitué l’essentiel de cette manne, appuyés par des revenus non fiscaux plus importants que prévu. Ce dynamisme a permis de couvrir une grande partie des dépenses prévues, tout en dégageant un solde positif au niveau comptable.

Pourtant, toutes les dépenses n’ont pas suivi le rythme. Les dépenses d’investissement financées sur ressources propres n’ont atteint que 45,04% de leur objectif, illustrant une difficulté persistante à transformer les prévisions en réalisations concrètes. À l’inverse, les projets financés par des ressources extérieures, souvent liés à des prêts ou à des financements multilatéraux comme c’est le cas avec le nouvel emprunt de 91 milliards auprès de la BIRD, ont affiché un taux d’exécution de 105,79%, preuve que les fonds étrangers sont mieux mobilisés et dépensés que les fonds internes.

Le déficit de trésorerie s’explique par un poids croissant des engagements financiers. En 2023, les amortissements de la dette extérieure, les remboursements bancaires et d’autres charges financières ont dépassé les prévisions, absorbant une partie importante des ressources mobilisées. Ce déséquilibre met en lumière un problème structurel. Même avec de bonnes recettes, un État peut se retrouver en tension de trésorerie s’il ne maîtrise pas ses flux financiers et ses obligations de remboursement. 

La loi de règlement 2023 montre ainsi un double visage. D’un côté, une gestion budgétaire qui semble favorable grâce à des recettes solides, de l’autre, une fragilité persistante liée à l’endettement, à la sous-exécution des investissements domestiques et à la dépendance envers les financements extérieurs. Pour 2025 et au-delà, le défi sera de transformer les excédents comptables en véritables marges de manœuvre pour financer les projets de développement et réduire les tensions de trésorerie. Ce qui est loin d’être gagné. 

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