L’heure des comptes a sonné. Derrière l’apparente technicité des conférences budgétaires lancées le 30 juillet par Henri-Claude Oyima, c’est une véritable reprise en main de la dépense publique qui s’amorce. La nouveauté ? Chaque franc dépensé devra être justifié. Les ministères et administrations devront désormais prouver l’utilité sociale, économique ou stratégique de leurs demandes. Pour les contribuables, cela signifie que les ressources fiscales devront être mieux utilisées. Mais attention, à enveloppe budgétaire constante, l’État va devoir faire des choix, et ces choix auront un impact sur votre quotidien.
Intensification des contrôles
Dans le détail, les impôts seront-ils plus lourds ? Pas nécessairement. En réalité, les autorités visent moins une augmentation des taux qu’un élargissement de l’assiette fiscale. Le gouvernement vise une chasse active aux niches, aux exonérations injustifiées, aux activités informelles et aux entreprises qui échappent partiellement à l’impôt.
Les nouvelles mesures en cours de discussion tablent sur une intensification des contrôles, notamment dans les secteurs de la logistique, des BTP et du commerce de détail. En gros, si vous êtes entrepreneur, attendez-vous à une surveillance renforcée, des paiements plus numérisés et des demandes plus fréquentes de traçabilité comptable.
Maîtriser la masse salariale
Côté fonction publique, le budget 2026 pourrait bien marquer un tournant dans la politique salariale. L’État ne cache plus son intention de maîtriser la masse salariale, qui représente plus de 45% des dépenses de fonctionnement. Le recrutement sera plus sélectif, et les progressions automatiques en grade ou échelon pourraient être gelées dans certains ministères. En parallèle, des primes au mérite ou des contrats à objectifs sont à l’étude pour récompenser les administrations performantes. En clair, le salariat public va se transformer, avec moins d’acquis automatiques et plus de contractualisation.
Les collectivités locales mises au défi
En ce qui concerne vos projets, l’État annonce vouloir privilégier les projets à fort impact : accès à l’eau, routes rurales, équipements scolaires et infrastructures de santé. Mais dans les faits, de nombreux projets locaux pourraient être gelés ou décalés, faute de budget ou de rentabilité sociale immédiate.
Les collectivités locales seront mises au défi de mieux planifier, mieux exécuter et mieux justifier leurs dépenses. C’est un virage vers un modèle de décentralisation par la preuve. En gros, si vous êtes promoteur, entrepreneur local ou bénéficiaire potentiel d’un projet public, attendez-vous à devoir défendre votre projet sur des bases chiffrées et rigoureuses.
Une transtion plus profonde
En réalité, cette rigueur budgétaire masque une transition plus profonde : l’État veut se rendre crédible auprès des bailleurs, des agences de notation et des marchés internationaux. Cela passe par un budget sincère, traçable et lisible. Les arbitrages qui se dessinent vont bien au-delà de simples colonnes chiffrées. Ils reflètent une volonté politique d’installer un nouveau logiciel de gestion publique : plus technique, plus sélectif, plus rigoureux. Mais cela implique aussi que les marges de solidarité nationale risquent de s’effriter si rien n’est fait pour accompagner les plus vulnérables.