L’agence américaine S&P Global Ratings vient de publier une analyse sur la situation financière des États de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Dans un contexte marqué par l’expiration de plusieurs programmes avec le Fonds monétaire international (FMI) et la raréfaction des financements extérieurs, ces pays devraient intensifier leur recours aux emprunts intérieurs pour refinancer leur dette extérieure.
En effet, les États de la CEMAC (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Centrafrique et Tchad) sont confrontés à des contraintes croissantes dans leur accès aux financements extérieurs. Selon S&P Global Ratings, plusieurs pays, comme le Cameroun et le Congo, approchent de la fin de leurs programmes respectifs avec le FMI, ce qui pourrait limiter leurs capacités de refinancement.
Le Gabon, quant à lui, fait face à une situation encore plus délicate. Depuis le 13 janvier 2025, la Banque mondiale a suspendu ses décaissements à destination du pays en raison d’arriérés de paiement s’élevant à 17 milliards de fcfa. Cette situation complique la mobilisation de financements bilatéraux ou multilatéraux pour Libreville, en l’absence d’un accord avec le FMI. Bien que les autorités gabonaises aient entamé des discussions avec la Banque mondiale, aucune résolution formelle n’a été annoncée.
Par ailleurs, les États qui ne disposent pas de programme avec le FMI, comme le Tchad et la Guinée équatoriale, se trouvent encore plus exposés à l’incertitude des marchés. Quant à la Centrafrique, bien qu’elle ait un accord avec le Fonds, elle reste faiblement intégrée dans les circuits financiers internationaux.
Un recours accru au marché des titres publics
Face aux difficultés de mobilisation de financements extérieurs, les États de la CEMAC intensifient leur recours au marché intérieur des titres publics. Au premier semestre 2025, ils prévoient d’y lever 1 317 milliards de fcfa. Toutefois, ce marché reste peu liquide et fortement sollicité, comme en témoignent les 4 336 milliards de fcfa mobilisés en 2023 sur un total d’émissions de 7 150 milliards de fcfa.
L’accroissement du recours aux financements intérieurs entraîne une dépendance croissante à ce mécanisme. En 2015, le financement intérieur ne représentait que 8 % de l’encours total de la dette des pays de la CEMAC, contre plus de 20 % en 2023. Cette tendance devrait se poursuivre si les États ne parviennent pas à négocier de nouveaux programmes avec les institutions financières internationales.








