En 2022, la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS) affichait des résultats financiers encourageants, avec un excédent de 2,1 milliards de fcfa. Cette performance, due à une augmentation des recettes de près de 4% et à une gestion stricte des dépenses, témoignait d’une volonté de renforcer la stabilité financière de l’institution. Cependant, derrière ces chiffres flatteurs se cachaient des défis structurels qui compromettent désormais la mission de la CNAMGS : garantir un accès universel aux soins pour tous les Gabonais.
L’année 2024 a été marquée par des révélations de malversations financières au sein de la CNAMGS, entraînant la suspension de six hauts cadres en décembre. Ce scandale a mis en lumière des pratiques de gestion douteuses, suscitant une perte de confiance chez les assurés et les partenaires. Ces dysfonctionnements viennent s’ajouter à des irrégularités dans le fichier des bénéficiaires du programme Gabonais Économiquement Faibles (GEF), où des personnes salariées figurent encore parmi les assurés économiquement faibles, révélant des failles dans le contrôle et la fiabilisation des données.
Des problèmes de gouvernance à n’en plus finir
Ces problèmes de gouvernance aggravent la crise actuelle, marquée par des impayés estimés à plusieurs milliards de francs cfa envers les pharmacies affiliées au Syndicat des pharmaciens du Gabon (Sypharga). Ce retard dans le règlement des dettes a poussé le Sypharga à suspendre, depuis le 1er janvier 2025, la délivrance de médicaments aux assurés de la CNAMGS. Cette décision met en péril la santé de près de 40% de la population gabonaise, principalement des personnes vulnérables qui n’ont pas les moyens d’avancer les frais médicaux.
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Si la direction de la CNAMGS affirme avoir entamé le processus de paiement de sa dette depuis le 31 décembre 2024, ces mesures tardives peinent à apaiser les tensions. L’urgence de la situation exige non seulement une intervention rapide pour régler les arriérés, mais aussi une refonte structurelle pour restaurer la confiance et prévenir de nouvelles crises. Les 2èmes Journées de l’économie des établissements pharmaceutiques, prévues le 17 janvier 2025, pourraient offrir une plateforme pour repenser le modèle d’assurance maladie gabonais.
En dépit des progrès réalisés sur le plan financier, la CNAMGS se trouve à un tournant décisif. Les scandales récents et la crise des impayés révèlent l’ampleur des réformes nécessaires pour assurer la transparence et la viabilité de l’institution. Une gestion rigoureuse, une amélioration des mécanismes de contrôle et un dialogue renforcé avec les parties prenantes sont indispensables pour éviter que cette situation ne débouche sur une catastrophe sanitaire et sociale.