Après une semaine de paralysie, le conflit social à Comilog a officiellement pris fin suite à l’audience du 12 mars 2025 entre les partenaires sociaux et le Président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. La direction de l’entreprise a annoncé la reprise complète des activités « dans un climat social apaisé », mettant un terme à un bras de fer qui menaçait sérieusement la production de manganèse et l’économie nationale.
Vers un retour à la normale
Alors que le 6 mars 2025, six syndicats avaient déclenché une grève illimitée, dénonçant des conditions salariales jugées insuffisantes et un manque d’écoute de la direction, la médiation présidentielle a permis d’aboutir à un compromis. Selon le communiqué de Comilog, « plusieurs mesures ont été adoptées, mettant officiellement fin au conflit ». Parmi elles, une trêve sociale instaurée jusqu’aux élections professionnelles de janvier 2026 et l’abrogation du principe de négociations triennales, remplacé par une nouvelle structure de dialogue social.
Outre ces deux mesures, une revalorisation salariale applicable à toutes les catégories socioprofessionnelles, avec effet rétroactif au 1er janvier 2025 a également été actée, au même titre que la suspension des mesures disciplinaires et juridiques en cours, en réponse aux tensions ayant marqué la grève. Ces décisions marquent un tournant dans la gestion du climat social au sein de l’entreprise, même si elles ne répondent pas totalement aux revendications initiales des syndicats, qui réclamaient notamment une augmentation du salaire de base à 100 000 fcfa pour toutes les catégories.
Dans son communiqué, la direction de Comilog rappelle que « la grève a été déclenchée sans service minimum, en violation des dispositions réglementaires en vigueur et en contradiction avec les engagements pris dans le cadre de la médiation ». Une position qui fait écho aux mises en garde du ministre du Travail, Adrien Nguéma Mba, qui avait rappelé que « tout mouvement social doit respecter les procédures légales et ne pas entraver la continuité des activités essentielles ».
Cette insistance sur la légalité de la grève montre que, malgré l’accord trouvé, les tensions entre la direction et les syndicats ne sont pas totalement dissipées. Si le conflit est officiellement clos, l’entreprise met en avant son respect des « standards nationaux et internationaux en matière de respect des droits humains, de conditions de travail et de performance opérationnelle », une manière de défendre son image après une crise qui a révélé de profondes divisions internes.
Un enjeu stratégique pour l’économie nationale
Avec un chiffre d’affaires de 933 milliards de fcfa, Comilog représente plus de 25 % des revenus miniers du Gabon. La grève avait entraîné des pertes estimées à 2 milliards de fcfa par jour, mettant en péril les recettes fiscales attendues en 2025, notamment les 81,5 milliards de fcfa d’impôts miniers. La reprise des activités est donc un soulagement pour le gouvernement, qui cherchait à éviter un affaiblissement supplémentaire des exportations de manganèse, un secteur déjà impacté par une baisse de la production de 2,5 % en 2023.
La médiation présidentielle a permis d’éviter une escalade du conflit, mais elle souligne aussi le poids stratégique de Comilog dans l’économie gabonaise. Le gouvernement a dû intervenir directement pour préserver la stabilité économique et sociale du pays, une intervention qui pourrait créer un précédent dans la gestion des futurs conflits sociaux. Si la direction de Comilog affirme que « les efforts déployés pour garantir un environnement propice au bien-être et à la productivité sont continus et seront maintenus », les tensions ne sont pas totalement apaisées. La question de la rémunération et du partage des richesses reste un sujet sensible.
Ce conflit aura au moins prouvé une chose : les travailleurs de Comilog ont désormais un levier de pression puissant, capable de perturber l’économie nationale et d’obliger l’État à intervenir. Si la direction et le gouvernement ne tirent pas les leçons de cette crise, une nouvelle vague de contestation pourrait éclater bien avant 2026.