Les travailleurs de Comilog ont obtenu une hausse salariale, mais à quel prix ? Loin des revendications initiales qui visaient une augmentation du salaire de base à 100 000 fcfa, ils devront finalement travailler plus pour gagner plus. Avec une hausse allant jusqu’à 30 000 fcfa, un chiffre bien en dessous des attentes, les employés se retrouvent engagés dans un pacte où leur charge de travail va inévitablement s’intensifier.
Une augmentation de 2%
Derrière l’annonce de cette revalorisation, la direction de Comilog n’a rien laissé au hasard. La masse salariale augmente de 2 %, mais elle sera compensée par un effort accru sur la productivité. En clair, ce que l’entreprise donne d’une main, elle le reprend de l’autre. Pour rester compétitive, Comilog prévoit d’augmenter encore ses cadences, dépassant les 10 millions de tonnes de production annuelle, un niveau déjà exceptionnel. Les travailleurs seront donc plus sollicités, avec des objectifs toujours plus ambitieux, transformant cette victoire syndicale en un défi permanent.
Ce scénario renforce aussi l’emprise de Comilog sur le secteur minier gabonais. Alors que le gouvernement aurait pu imposer un rééquilibrage des rapports de force, il s’est contenté d’accompagner l’accord sans réellement peser dans les négociations. Résultat : Comilog sort de cette crise plus forte qu’avant, avec un cadre social stabilisé jusqu’en 2026, lui permettant de se concentrer exclusivement sur l’optimisation de sa production.
Une augmentation de la cadence de travail
Les conséquences de cet accord ne se feront pas attendre. L’augmentation de la cadence de production va encore alourdir la pression sur les infrastructures, notamment le réseau ferroviaire vieillissant de la Setrag. Déjà sous tension, ce dernier devra absorber une charge supplémentaire, accroissant les risques de déraillements et de perturbations majeures. Loin d’être un détail, ce point pourrait rapidement devenir un problème critique, tant pour la sécurité des travailleurs que pour la fluidité des exportations de manganèse.
Finalement, cette grève qui visait une revalorisation salariale conséquente aboutit à un compromis : les salariés doivent désormais produire plus pour justifier une augmentation bien en deçà de leurs revendications initiales. Un tournant qui, à terme, pourrait générer un sentiment de frustration parmi les travailleurs, surtout si les cadences deviennent insoutenables. Gagner plus, oui, mais au prix d’un effort accru qui pourrait s’avérer plus pesant que prévu.