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Commerce : ces pays africains qui ont restreint l’accès à certains métiers aux étrangers avant le Gabon

le coup de coeur

Dans la foulée du Conseil des ministres du 12 août 2025, le Gabon a décidé d’interdire aux étrangers l’exercice de plusieurs « petits métiers » du commerce informel, tels que la vente de rue ou certains services de proximité. Une mesure qui, selon le gouvernement, vise à protéger l’entrepreneuriat national et à favoriser l’emploi des jeunes. Mais cette démarche n’est pas isolée, puisque plusieurs pays africains, bien avant le Gabon, ont mis en place des restrictions similaires.

Au Ghana par exemple, une loi existe depuis 1994 (Ghana Investment Promotion Centre Act) pour réserver le petit commerce de détail aux nationaux. Elle interdit aux étrangers de tenir de simples kiosques ou de vendre dans les marchés locaux. Cette disposition, souvent réaffirmée, s’accompagne de contrôles réguliers. Son impact a été visible étant donné que selon les autorités, elle a contribué à renforcer la présence des commerçants ghanéens dans les marchés urbains, même si des tensions avec les communautés étrangères (notamment nigérianes) ont parfois éclaté.

Au Ghana par exemple, une loi existe depuis 1994 (Ghana Investment Promotion Centre Act) pour réserver le petit commerce de détail aux nationaux. © D.R.

Au Nigeria justement, la politique de protection du commerce de détail remonte au Nigerian Enterprises Promotion Decree de 1972, renforcé dans les années 1990. Plusieurs segments du petit commerce (vente ambulante, coiffure, artisanat de base) sont officiellement réservés aux nationaux.

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L’objectif, selon les textes, était de « nigérianiser » l’économie. Ces restrictions ont favorisé l’essor d’une classe moyenne commerçante nationale, bien qu’elles aient aussi contribué à développer le secteur informel non contrôlé, où subsistent des activités étrangères tolérées.

Capture d’écran de quelques journaux nigérians des années 1970, extraits des archives de Lagos. Les titres du Daily Times, du Daily Sketch, du New Nigerian et du West African Pilot concernent les décrets gouvernementaux sur l’« indigénisation ». (Vivian Chenxue Lu) © D.R.

Idem en Tanzanie où le Tanzania Investment Act de 1997 et les réglementations associées imposent également que certaines activités de faible valeur ajoutée, comme la vente au détail dans les marchés ou le transport local à petite échelle, soient réservées aux Tanzaniens. Les autorités y voient un levier pour canaliser les investissements étrangers vers les secteurs structurants, laissant aux nationaux les métiers de proximité. Les résultats ont été contrastés : si la protection des petits métiers a permis une meilleure insertion des jeunes dans l’économie, elle a parfois limité l’innovation et la concurrence sur ces segments.

Le Tanzania Investment Act de 1997 et les réglementations associées imposent également que certaines activités de faible valeur ajoutée, soient réservées aux Tanzaniens. © D.R.

Avec cette décision récente, le Gabon s’inscrit dans une dynamique continentale où plusieurs pays cherchent à préserver leurs petits métiers pour les nationaux. L’expérience du Ghana, du Nigeria et de la Tanzanie montre que ces mesures peuvent effectivement renforcer l’ancrage local du commerce, mais qu’elles doivent être accompagnées de politiques actives de formation, d’accès au crédit et de contrôle efficace. Sans cela, le risque est que les activités basculent dans l’informel ou que des tensions sociales émergent.

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