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Contribution foncière unique : encore une punition pour les plus faibles

le coup de coeur

Le Gabon, comme de nombreux pays en Afrique, fait face à un défi fiscal majeur : financer le développement du pays tout en maintenant l’équilibre social et économique. Cependant, la récente introduction de la Contribution foncière unique (CFU) semble être une nouvelle forme de punition pour les Gabonais les plus vulnérables, ceux qui peinent déjà à joindre les deux bouts. Cette taxe, qui remplace et regroupe diverses taxes foncières, pourrait se transformer en un fardeau supplémentaire pour des populations déjà fragilisées par des années d’instabilité économique et de mauvaise gestion publique.

L’objectif affiché de la CFU est de simplifier et d’élargir la base fiscale en matière foncière, tout en créant un financement direct pour les projets locaux. Mais ce projet semble largement déconnecté des réalités du terrain. La population gabonaise, notamment dans les zones rurales, souffre déjà de nombreux maux : pauvreté, chômage, accès limité à l’éducation et aux soins de santé. Dans ce contexte, la création d’une nouvelle taxe foncière apparait comme une nouvelle forme de taxation de ceux qui ont déjà du mal à s’en sortir. Au lieu de soulager les populations les plus démunies, le gouvernement semble privilégier un modèle fiscal qui frappe les plus faibles, dans une logique où ceux qui sont déjà dans une situation précaire paieront encore davantage, sans voir des retours concrets en matière de services publics.

Les résultats mitigés des taxes précédentes, telles que la Taxe sur les ordures ménagères (TOM) collectée directement sur les factures d’électricité et la Redevance d’usure de la route (RUR), servent d’exemple flagrant de l’inefficacité de ce type de mesures. La TOM, instaurée pour financer la collecte et le traitement des déchets, a été un échec cuisant. En 2024, elle devait rapporter 7,4 milliards de fcfa, mais les services associés sont loin de répondre aux attentes. Les ordures continuent de s’accumuler dans les rues, en particulier dans les quartiers périphériques, et les habitants continuent de subir la négligence des autorités publiques. Pour les plus pauvres, cette taxe ne fait que s’ajouter à une liste interminable de charges sans retour en termes de qualité de vie.

De la même manière, la Redevance d’Usure de la Route, censée financer l’entretien des infrastructures routières, n’a pas permis d’améliorer les routes gabonaises. La taxe génère des recettes importantes, estimées à 10,5 milliards de fcfa en 2024, mais les résultats visibles sur le terrain sont inexistants. Les routes, particulièrement dans les zones rurales, continuent de se dégrader, et la qualité des infrastructures n’a pas été significativement améliorée. Les citoyens, en particulier les plus vulnérables, sont les premiers à souffrir de cette inégalité de traitement. En introduisant la CFU sans garantir des retours réels aux contribuables, le gouvernement risque de multiplier les sources d’insatisfaction et d’alourdir un peu plus le fardeau des Gabonais déjà affaiblis par des conditions économiques difficiles.

Il est à noter que la CFU, dans sa mise en œuvre, pourrait encore accentuer l’injustice fiscale, particulièrement pour les populations rurales. Le manque de lotissements clairs, la mauvaise gestion du cadastre, et l’absence d’une politique foncière transparente rendent cette taxe particulièrement inégale. Les personnes vivant dans des zones non loties ou non cadastrées risquent de se voir appliquer des taxes arbitraires, ce qui rend le système foncier encore plus opaque et injuste. Sans une réforme préalable du cadastre et une amélioration des bases de données foncières, cette taxe risque de devenir une punition supplémentaire pour ceux qui n’ont pas accès à un terrain structuré, et qui sont déjà marginalisés dans la société gabonaise.

Le principal problème réside dans l’incapacité de l’administration publique à assurer une gestion efficace et équitable des fonds collectés. Le Gabon a déjà connu des échecs en matière de collecte et d’allocation des fonds, et les citoyens n’ont aucune garantie que les recettes de la CFU seront utilisées à bon escient. En l’absence d’une réforme foncière claire et d’une gouvernance transparente, la CFU risque de devenir une simple pompe à finances, alimentant davantage les caisses de l’État sans améliorer le quotidien des Gabonais. Les plus pauvres, qui n’ont pas les moyens d’échapper à cette taxe, se retrouveront donc une fois de plus à financer un système inefficace qui ne répond pas à leurs besoins fondamentaux.

La Contribution Foncière Unique, dans sa forme actuelle, apparaît comme une punition supplémentaire pour les Gabonais les plus fragiles. Le gouvernement devrait prioriser une réforme foncière complète, avec une cartographie claire des terres, une mise à jour du cadastre et un système de collecte plus équitable, avant d’introduire une nouvelle taxe. La fiscalité doit viser à alléger le fardeau des plus faibles, pas à l’alourdir. Sans ces réformes, la CFU risque de devenir une taxe mal perçue, perçue comme une punition de plus, et non comme un levier de développement pour tous les Gabonais.

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