Trois années se sont écoulées depuis les premières alertes du Copil Citoyen sur la gestion des fonds Covid-19 au Gabon. Trois années d’opacité, de tergiversations et d’inertie institutionnelle. Mais en mai 2025, la Cour des comptes sort enfin du silence et annonce l’ouverture d’une enquête sur l’utilisation des 503 milliards de fcfa annoncés dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Une avancée que beaucoup qualifient de tardive, mais décisive. Pour la société civile, c’est la première brèche dans le mur du silence érigé autour de cette affaire.
L’ancien ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong, est au centre des accusations. Icône médiatique de la riposte sanitaire entre 2020 et 2022, il est aujourd’hui visé pour sa gestion présumée hasardeuse, voire frauduleuse, de ressources publiques. Le collectif Copil Citoyen dénonce une cascade de dysfonctionnements : surfacturations, services facturés mais jamais réalisés, et absence de justificatifs pour de nombreuses dépenses. Face à cette opacité, la mobilisation citoyenne ne s’est jamais relâchée. En 2025, elle s’est d’ailleurs intensifiée : le Copil relance les plaintes, saisit le parquet, la Cour des comptes, la Commission nationale de lutte contre l’enrichissement illicite et les services de renseignement. Une audience est fixée au 4 juin devant le tribunal de Libreville, où Geoffroy Foumboula Libeka Makosso, porte-voix du collectif, est convoqué. L’objectif est clair : faire de ce dossier un tournant judiciaire.
Bien au-delà des chiffres, ce scandale prend une portée hautement symbolique. À travers cette affaire, c’est le besoin urgent de justice et de redevabilité qui s’exprime. Le Gabon a trop longtemps toléré la gestion opaque des finances publiques. À l’heure où le nouveau régime parle de transition économique et justice, c’est un cri collectif qui exige des comptes et des sanctions.
Ce dossier est une épreuve de vérité. Les autorités de la transition ont promis une gouvernance nouvelle, fondée sur la transparence. Or, laisser ce scandale dans l’ombre reviendrait à renier tous ces engagements. L’heure n’est plus aux promesses mais aux actes. Le traitement de cette affaire sera le véritable baromètre du changement tant proclamé.