L’Union européenne a annoncé, le 19 mai 2025, la suspension immédiate de toutes les importations de volailles en provenance du Brésil, en raison de la détection d’un foyer de grippe aviaire hautement pathogène dans le sud du pays. Cette décision intervient alors que le Brésil, premier exportateur mondial de poulet, voit ses principaux marchés dont la Chine et désormais l’UE, lui fermer leurs portes.
Si l’Union européenne ne représente qu’une part modeste des exportations brésiliennes, l’impact de cette interdiction résonne bien au-delà de ses frontières. Pour le Gabon, pays fortement dépendant des importations pour satisfaire la demande en viande de volaille, cette mesure pourrait entraîner un effet domino sur les circuits d’approvisionnement. Même si le Gabon ne figure pas parmi les principaux acheteurs directs du poulet brésilien, la restriction européenne pourrait rediriger les stocks excédentaires vers les marchés africains, influençant ainsi les prix et les conditions sanitaires.
Le marché gabonais est déjà marqué par une forte pression sur les prix des denrées alimentaires, en raison de la dépendance aux importations et de la faiblesse de la production locale. Une arrivée massive de poulet brésilien à prix cassés dans certains pays d’Afrique pourrait déstabiliser la filière avicole locale gabonaise, encore fragile et en développement. À l’inverse, un durcissement global des restrictions pourrait raréfier l’offre sur le marché régional et entraîner une nouvelle hausse des prix au Gabon.
Cette situation pourrait aussi offrir une opportunité pour les producteurs locaux. Si les autorités gabonaises parviennent à mettre en place des mesures d’accompagnement et de soutien, la crise pourrait servir d’accélérateur pour la relance de la filière avicole nationale, souvent reléguée au second plan dans les politiques agricoles. Par ailleurs, elle relance le débat sur la souveraineté alimentaire du pays et sur la nécessité de diversifier les sources d’approvisionnement en viande de volaille. Alors que le Brésil espère retrouver son statut de pays « exempt de grippe aviaire » d’ici 28 jours, le Gabon, comme d’autres pays africains, devra suivre de près l’évolution de la situation sanitaire et commerciale afin d’adapter ses importations et ses stratégies de sécurité alimentaire.