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Des images parlantes : discours au sujet d’une exposition d’art visuel, “Duvangu, la fabrique créative”

le coup de coeur

Jilkrist Mombo
Jilkrist Mombo
De son vrai nom Jilkrist BINGANA MOMBO, Krist est un critique d'art de 25 ans. En Master recherche de Lettres Modernes, il est également un artiste auteur compositeur. C'est à la croisée de la littérature et de la musique que Krist nous propose des lectures interprétatives des textes de chansons. Depuis février 2022, il est contributeur à Inside News241.

Si les théories que nous utilisons habituellement ont pour but de donner de la signification à ce qui s’écrit (littérature, musique et cinéma), comment pourrait-on vous parler des arts visuels (dessin, collages et peintures) ? Si les images aussi sont significatives comment les dévoilent-on ?  Nous avons longtemps réfléchi à ce problème et nous partons de l’idée que si les images ne parlent pas d’elles-mêmes, elles font fluctuer dans nos esprits des discours. Les impressions qu’elles donnent à dans notre esprit nous font en être la voix. Au cours du mois de juillet La fabrique créative Duvangu nous a plongé dans un tourbillon d’images et voici le discours qu’elles nous ont inspiré. 

Avant tout, je tiens à préciser que je ne me suis pas fait expliquer les œuvres dont je vais vous parler pour vous fournir une interprétation qui repose sur la mort de l’auteur. 

La première salle que nous avons visitée était un moment hors du temps, pour la première fois nous avons pu expérimenter des points de suspension visuels. Des robes de femmes accrochées au plafond cachant dans leur dos des histoires de luttes exceptionnelles. Une salle incroyablement cinématique ! On s’y croirait dans un décor de film d’auteur. D’ailleurs, il y avait dans cette salle un film hypnotique. Des femmes d’âges différents portant chacune un panier d’excellence + e muet. 

Parlant de panier, j’ai également visité la salle d’Emmanuelle Late où l’on peut voir un panier qui relâche une quarantaine de feuilles blanches. Cela nous a fait vivre une sorte de thérapie. Si nos cœurs étaient ce panier on relâcherait plus souvent des pages blanches, symbole du pardon qu’on accorde. De nouvelles histoires pourraient ainsi s’écrire sur ces feuilles du pardon. 

A ce sujet, que la nature nous pardonne ! Les œuvres que le français Gérôme Gélès a réalisées ici au Gabon nous interpellent : notre action a des répercussions sur le monde qui nous accueille. Son œuvre est un hôpital psychiatrique où se soignent la folie de notre négligence. Nous y avons vu un plancton avec des plaies faites de déchets plastiques récupérés sur nos plages et nos rues (sachets de détergents, bonbons et autres). Cette sculpture impressionnante dévoile la terribilité de nos gestes d’insouciance : les déchets plastiques ont une place, ce n’est certainement pas dans la mer. Et les humains ne devraient pas vivre dans les déchets. 

C’est peut-être le discours derrière l’œuvre de Dario. C’est la salle que nous avons le plus aimé ! Le photographe angolais a réalisé la phrase qui résume le mieux pour moi ce qu’est l’art : « nul serpent par l’art représenté ne saurait plaire ». Dans notre poubelle à ciel ouvert de Mindoubé se joue un drame : celui des populations défavorisées et oubliées de notre terre de rêves. Le Gabon chéri n’est donc pas uniquement les univers merveilleux mis en avant dans nos campagnes touristiques, mais aussi un ensemble de personnes qui vivent dans un environnement nauséabond ! Ces personnes qui rêvent certainement de plages, de forêts et de chutes extraordinaires : ne les oubliez pas ! « Souvenez-vous de nous », écrit-il en marge de ces photos déchirantes ! 

Souvenez-vous aussi de ne jamais arrêter de rêver ! Et si cela devient difficile, venez vous ressourcer à la « Cafèt’ des rêves » de CorailKing. Cet artiste est une vraie perle ! C’est comme s’il avait réellement un lieu où trouver de l’inspiration « à la commande ». Sa création pour Duvangu est une version pop’art du déjà célèbre Bitshakala style qu’il définit comme un langage visuel, une proposition de paroles dites sur le monde. 

D’ailleurs « au commencement était la parole » et de la parole est né le monde. Toute chose est ainsi une composition de paroles dites que Mexhylus Ymc a choisi de représenter par des liens. Des liens d’amour que tissent les « je t’aime » qu’on prononce. À la manière du livre qui est une suite de mots et composent un univers entier, la parole est comme la plus petite particule d’eau qui compose les mers et forme des océans de peuples sur la terre. Nous sommes des paroles dites par Dieu sur la vie des autres et dans la cohésion de ce langage divin nous formons un tout merveilleusement équilibré tant que nous ne cessons pas d’être signifiant, à la place que nous réserve cette citation de la Bible : « vous êtes la lumière du monde ». 

Être soi ! C’est aussi le propos de la pièce principale de l’exposition de Monsieur Kierno ! Dans cette œuvre, nous pouvons voir une attitude africaine, un complexe psycho-historique qui se résume à contempler l’avancée européenne alors que disparaissent dans l’effroi nos traditions et nos coutumes. 

Pour résumer, 30 artistes de génies se sont retrouvés durant un mois dans un projet novateur qui à mon avis ne nous a pas assez fait parler. Ce discours restera pour la postérité, disant le moment exceptionnel que certains ont pu vivre. Des artistes, des merveilles ont pu composer un livre qui se referme trop tôt : un chapitre que des privilégiés ont pu apprécier avant qu’il disparaisse matériellement mais non sans produire en eux des discours éternels ! Finissons donc en pastichant un texte de Slam Master No : « ils disent que les images (dessins, collages et peintures) s’envolent et que les écrits restent. Nous disons que les écrits s’effacent et que les images restent gravées dans les cœurs » !

Actualité : Pour marquer la délocalisation de l'Institut Français du Gabon , l'artiste Corailking donne vie au nouveaux bureaux, par sa performance artistique sur fresque, lors d'une mini-résidence intitulée "𝐄𝐭 𝐬𝐢 𝐨𝐧 𝐫𝐞𝐜𝐫𝐞𝐚𝐢𝐭 𝐥𝐞 𝐫ê𝐯𝐞", véritable espace de créativité.

Corailking est accompagné de Iska la Folie du Design et de Lora et leur travail est inspiré des napperons tissés sur le continent africain, des formes et lignes liées à l’enfance, en utilisant de la bombe acrylique et de la peinture industrielle. Et pour enflammer l’ambiance, DJ Mystik viendra mettre le feu avec ses beats, ajoutant une touche sonore à cette expérience artistique unique ! 

📆 Mercredi ❶❽ à 19h00.______💰 Gratuit._______📍 Institut Français du Gabon – Jardins

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