Le poids de la dette publique gabonaise devient de plus en plus préoccupant. En 2024, la dette totale atteint « 73,1% du PIB » et devrait grimper à « 78,9% en 2025 » selon les prévisions du FMI. Un niveau qui risque d’asphyxier l’économie si aucune mesure de stabilisation n’est prise. La situation est d’autant plus critique que le ratio dette publique/PIB hors pétrole dépasse déjà les « 115,5% en 2024 » et atteindra « 120% en 2025 », toujours selon l’institution de Bretton Woods. Ce qui signifie que le pays s’endette bien au-delà de ses capacités réelles de production non pétrolière. Avec un service de la dette qui dépasse les 887 milliards de fcfa et des recettes publiques en baisse, passant de « 19,9% du PIB en 2023 à 18,5% en 2024 » et à « 17,5% en 2025 », le Gabon peut-il continuer à honorer ses engagements sans étouffer son économie ?
Le principal problème est l’effet d’éviction que crée cette dette sur d’autres secteurs stratégiques. En 2024, les dépenses publiques augmentent encore pour atteindre « 23% du PIB » et elles devraient grimper à « 23,9% en 2025 ». Or, une grande partie de ces dépenses est absorbée par le remboursement de la dette au détriment d’investissements plus productifs. L’investissement public, pourtant crucial pour soutenir la croissance, reste faible, à « 3,8% du PIB en 2024 » et à peine « 3,9% en 2025 ». Cette situation compromet la relance économique, car sans infrastructures modernes et sans soutien aux secteurs porteurs, le pays risque de stagner.
Le solde budgétaire global, qui se dégrade fortement à « -4,2% du PIB en 2024 » et à « -6,4% en 2025 », confirme que l’État dépense bien plus qu’il ne génère de revenus. Le Gabon se retrouve donc pris dans un engrenage où il doit emprunter toujours plus pour rembourser ses dettes précédentes, sans pour autant améliorer ses capacités de production. Cette spirale dangereuse s’accompagne d’une réduction des réserves internationales, qui chutent à « 1,0 milliard de dollars en 2025 », limitant ainsi les marges de manœuvre du pays pour faire face aux chocs économiques extérieurs.
Si rien n’est fait, le Gabon risque de se retrouver face à un choix douloureux : soit restructurer sa dette, ce qui pourrait entacher sa crédibilité sur les marchés financiers, soit réduire drastiquement ses dépenses publiques, ce qui aurait des répercussions sociales et économiques majeures. Le pays devra impérativement améliorer son efficacité budgétaire en ciblant mieux ses investissements et en optimisant la collecte des recettes fiscales. Il faudra aussi limiter le recours aux emprunts coûteux sur le marché intérieur et explorer des alternatives de financement plus soutenables.
Le Gabon peut-il encore payer sans sacrifier son économie ? À court terme, le pays peut encore éviter une crise, mais à long terme, la soutenabilité de sa dette repose sur une réforme en profondeur de sa gestion budgétaire. Sans cela, la trajectoire actuelle mènera inévitablement à une impasse où le service de la dette étouffera toute possibilité de développement économique.