En 2023, selon les données compilées par Business Inside Africa, les transferts de fonds de la diaspora africaine ont atteint 100 milliards de dollars, représentant près de 6 % du PIB du continent. Dans de nombreux pays comme le Nigeria, le Maroc ou le Kenya, ces flux dépassent les Investissements directs étrangers (IDE) et l’Aide publique au développement (APD), jouant un rôle central dans la stabilité économique et le financement de projets locaux. Ces transferts constituent des Investissements directs nationaux (IDN), facilitant la création d’entreprises, le développement des infrastructures et l’amélioration des conditions de vie des ménages.
Un flux financier de diaspora faible
À l’inverse, le Gabon se classe parmi les pays africains où les flux de la diaspora sont les plus faibles, avec seulement 18 millions de dollars en 2023, selon la Banque mondiale. Ce chiffre contraste avec les centaines de millions, voire les milliards de dollars reçus par d’autres pays africains. L’absence d’une diaspora économiquement active (le Gabon ayant une diaspora majoritairement composée d’étudiants), combinée à un climat des affaires peu favorable, limite la contribution des expatriés gabonais au développement du pays. Par exemple, sur plus de 15 000 Gabonais vivant en France seulement, le ministère français de l’Enseignement supérieur fait état de 5 687 étudiants gabonais recensés dans les établissements reconnus en 2022. Si on enlève le corps diplomatique (fonctionnaires et militaires), les binationaux établis et les élèves (primaire, collège et lycée), les potentiels investisseurs se réduisent en peau de chagrin. Cette situation freine l’émergence d’un tissu économique dynamique soutenu par des fonds nationaux, obligeant le Gabon à rechercher d’autres sources de financement.
Une dépendance aux capitaux extérieurs
Plutôt que de mobiliser sa diaspora, le Gabon mise principalement sur les IDE et les programmes du Fonds monétaire international (FMI) pour soutenir son économie. Cette dépendance aux capitaux extérieurs expose le pays à des conditions strictes et à une dette croissante. Contrairement aux IDN, qui sont des apports financiers non remboursables, les financements du FMI impliquent des ajustements budgétaires et des réformes parfois contraignantes. Dans ce contexte, le Gabon peine à renforcer son autonomie économique et à stimuler un développement endogène.
D’autres pays africains ont su créer un cadre propice à l’investissement de leur diaspora en réduisant les coûts des transferts de fonds, en offrant des incitations fiscales et en facilitant l’accès aux services bancaires. L’Égypte, le Ghana ou encore le Sénégal ont mis en place des mécanismes favorisant l’implication de leurs expatriés dans le financement de projets locaux. À l’opposé, les obstacles administratifs et financiers au Gabon, combinés à un marché encore restreint, freinent l’essor de ces flux et limitent leur impact sur l’économie nationale.
S’inspirer des autres pays
Pour réduire sa dépendance aux financements étrangers, le Gabon devrait s’inspirer des pays ayant réussi à capter les fonds de leur diaspora. En améliorant le climat des affaires, en sécurisant les investissements et en facilitant les transferts de fonds, le pays pourrait stimuler l’entrepreneuriat local et renforcer sa résilience économique. Sans ces réformes, le modèle actuel basé sur les financements extérieurs risque de perpétuer une croissance fragile et peu inclusive.