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Didier Simba : “la pénurie de compétences en cybersécurité, défi commun, des réponses différentes”

le coup de coeur

La cybersécurité est devenue une priorité pour les gouvernements, les entreprises et les organisations du monde entier face à des menaces numériques de plus en plus sophistiquées. Cependant, un défi majeur persiste : la pénurie de compétences. Bien que ce problème soit partagé à l’échelle mondiale, les solutions pour y remédier varient considérablement selon les régions et les contextes économiques. En Afrique, cette pénurie prend une dimension particulière compte tenu des défis structurels auxquels sont confrontées les économies du continent. Comment les différents acteurs de la cybersécurité, qu’ils soient en Europe, aux États-Unis ou en Afrique, s’attaquent-ils à cette problématique ? Et quelles solutions peuvent être adoptées pour atténuer ce déficit de talents ?

Notre expert en cybersécurité et directeur général de DSTrust, Didier Simba, propose trois axes de réflexion pour comprendre et répondre à cette problématique.

Axe 1 : Pourquoi la pénurie de compétences est-elle un problème global ?

Le manque de professionnels qualifiés en cybersécurité touche presque tous les pays, qu’ils soient développés ou en développement. Selon un rapport de (ISC)², il manquerait près de 3,4 millions de professionnels en cybersécurité dans le monde. Les cyberattaques se multiplient, les législations se renforcent, mais la formation de talents spécialisés ne suit pas le rythme des évolutions. 

Plusieurs raisons expliquent cette pénurie persistante. Tout d’abord, la demande pour des professionnels qualifiés a explosé rapidement, en particulier à la suite de la crise sanitaire de 2020, qui a révélé notre dépendance au numérique et nos nombreuses vulnérabilités. De plus, la mise en place de solutions à l’échelle des pays, notamment en Afrique, prend du temps. D’autres facteurs, tels que le manque d’attractivité des carrières dans ce secteur et des politiques publiques insuffisantes, jouent également un rôle.

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En Afrique, cette pénurie est exacerbée par des infrastructures insuffisantes pour la formation spécialisée en cybersécurité. Bien que le continent connaisse une forte croissance numérique, les universités et centres de formation dédiés à la cybersécurité restent rares, ne parvenant pas à combler la demande croissante des entreprises et administrations africaines.

Axe 2 : les stratégies internationales pour combler le déficit de compétences

Aux États-Unis et en Europe, plusieurs initiatives ont été mises en place pour répondre à cette pénurie. Aux États-Unis, des programmes de certifications rapides et des partenariats entre universités et entreprises permettent de former des talents à grande échelle. En Europe, des stratégies comme l’Agenda Européen des Compétences visent à développer les compétences numériques dans l’ensemble des États membres.

Cependant, ces initiatives, bien que nécessaires, ne semblent pas suffisantes pour combler la pénurie sur le long terme. Il est peut-être temps de repenser l’éducation à la cybersécurité, en intégrant ces compétences dès le secondaire pour créer une base solide de futurs experts.

En Afrique, bien que certaines initiatives locales et régionales émergent, comme au Maroc et en Afrique du Sud, ces efforts restent encore fragmentés à l’échelle du continent. Des initiatives comme celles du CESIA (Club d’Experts de la Sécurité de l’Information en Afrique) visent à fédérer les experts africains, mais il manque des programmes de formation coordonnés à l’échelle régionale.

Axe 3 : le rôle des politiques publiques dans la formation des compétences en cybersécurité

Les gouvernements jouent un rôle crucial dans la lutte contre la pénurie de compétences, en particulier dans le domaine de la cybersécurité. Aux États-Unis, des programmes tels que CyberCorps® Scholarship for Service offrent des bourses pour inciter les étudiants à se former en cybersécurité, en échange d’un engagement à travailler dans les agences publiques après l’obtention de leur diplôme. L’Union européenne, avec des initiatives comme la Digital Skills and Jobs Coalition, cherche à renforcer les compétences numériques dans tous les secteurs.

LIRE AUSSI : Didier Simba  : “Unir ou périr face aux menaces numériques mondiales – La coopération des professionnels, un enjeu global” 

En Afrique, des pays comme le Ghana et le Rwanda montrent l’exemple en adoptant des politiques nationales sur la cybersécurité. Cependant, pour combler la pénurie de compétences, une approche plus coordonnée à l’échelle continentale, impliquant la CEDEAO ou l’Union africaine (UA), serait bénéfique. Des politiques publiques adaptées pourraient encourager la formation et la rétention des talents, tout en stimulant l’innovation dans le secteur.

En conclusion, la pénurie de compétences en cybersécurité est un défi mondial, mais les solutions ne peuvent pas être universelles. Chaque région et chaque pays doit adapter sa réponse en fonction de son contexte économique, éducatif et technologique. Si l’Afrique accuse un retard en matière de formation en cybersécurité, les initiatives récentes montrent une volonté croissante de combler ce déficit. Avec une collaboration renforcée entre gouvernements, entreprises et institutions éducatives, le continent pourrait non seulement former des talents locaux, mais aussi devenir un pôle d’expertise en cybersécurité pour l’avenir.

Didier Simba 

Expert international en cybersécurité 

Directeur général de DSTrust

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