La cybersécurité est un domaine en perpétuelle évolution, où les menaces se multiplient et deviennent chaque jour plus complexes. Qu’elles ciblent des individus, des entreprises ou des gouvernements, les cyberattaques sont désormais plus sophistiquées, souvent coordonnées à une échelle internationale. Dans ce contexte, la collaboration entre les professionnels de la cybersécurité, qu’ils soient dans le secteur privé ou public, devient incontournable pour renforcer la sécurité des systèmes numériques dans le monde entier.
Dans le cadre du CyberMois 2024, Didier SIMBA, expert international en cybersécurité, propose à nos lecteurs trois axes de réflexion stratégiques. Ces pistes, spécialement conçues pour capter l’attention des décideurs, visent à éclairer et renforcer leurs approches face aux défis croissants de la cybersécurité.
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Axe 1 : la nature transnationale des cybermenaces
Les cybermenaces n’ont aucune frontière. Une attaque orchestrée dans un pays peut avoir des répercussions mondiales, compromettant des systèmes critiques et des infrastructures essentielles dans plusieurs régions. Les ransomwares, les attaques de phishing ou les opérations d’espionnage sont souvent menés par des acteurs malveillants qui exploitent des failles de sécurité à l’échelle internationale.
Face à ces risques sismiques, une question se pose : quelles initiatives, notamment en Afrique, peuvent être mises en place pour accroître la coopération régionale en matière de cybersécurité ?
Pour faire face à ces menaces globales, la coopération entre les professionnels de la cybersécurité est primordiale. En partageant des informations sur les incidents, les vulnérabilités découvertes ou les nouvelles techniques d’attaques, les experts peuvent anticiper et réagir plus rapidement. Cette coopération, qu’elle soit intergouvernementale ou entre entreprises et organismes, améliore la résilience face à des attaques de plus en plus sophistiquées.
Des initiatives telles que le CESIA – Club d’Experts de la Sécurité de l’Information en Afrique (www.lecesia.com) répondent à cette nécessité pour le continent africain, où les cybermenaces ne cessent de croître.
Axe 2 : la normalisation et les cadres communs de sécurité
Un aspect essentiel de la coopération entre les professionnels de la cybersécurité réside dans l’élaboration de normes et de cadres de sécurité communs. Des initiatives comme le cadre NIST ou la norme ISO/IEC 27001 offrent aux organisations des pratiques de sécurité harmonisées et éprouvées à l’échelle mondiale.
Comment encourager l’adoption de cadres communs de cybersécurité dans les économies émergentes comme celles des pays Africain ? Quels sont les obstacles à la normalisation des pratiques de cybersécurité et comment les surmonter ?
Ces normes facilitent la coopération en instaurant un langage commun et des approches partagées. Elles assurent également une homogénéité dans les réponses aux cybermenaces, un élément crucial dans un environnement où les infrastructures critiques de divers pays ou secteurs sont interconnectées.
Axe 3 : le rôle des alliances et des partenariats internationaux
La cybersécurité ne peut plus être abordée de manière isolée. De nombreuses organisations et gouvernements l’ont compris, d’où la multiplication des alliances internationales et des partenariats public-privé. Des initiatives comme le Global Forum on Cyber Expertise ou encore l’OTAN pour la cybersécurité visent à unir les forces pour contrer les cybermenaces à l’échelle mondiale.
Qu’en est-il des pays africains qui peinent à s’unir autour de la « Convention de Malabo » adoptée en 2014 ? Comment ces États peuvent-ils structurer leur coopération au sein du continent et s’intégrer efficacement dans les alliances internationales en matière de cybersécurité ?
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Ces collaborations permettent de mutualiser les ressources, qu’il s’agisse de capacités techniques, de talents humains ou de budgets dédiés à la recherche et au développement. Les pays et organisations bénéficient ainsi des avancées de chacun et peuvent élaborer des stratégies plus robustes face aux cybermenaces globales.
Vers une cyberrésilience collective
En définitive, la cybersécurité est un défi global qui nécessite une réponse collective. La coopération entre les professionnels, qu’ils proviennent du secteur privé, du secteur public ou d’organisations internationales, est essentielle pour bâtir un environnement numérique sécurisé. Cette collaboration permet de partager des informations, de définir des normes communes, de renforcer les capacités et de construire une confiance mutuelle, tous éléments indispensables pour une cyberrésilience efficace.
Quel rôle chaque acteur – gouvernement, entreprise, organisation régionale – peut-il jouer dans la construction d’une cyberrésilience collective ? Comment créer une collaboration durable à travers les continents et les secteurs pour relever ensemble les défis du cyberespace ?
Face à des menaces de plus en plus sophistiquées et à des infrastructures interconnectées, il est impératif que les acteurs de la cybersécurité travaillent ensemble pour anticiper, prévenir et répondre efficacement aux cyberattaques. C’est donc ENSEMBLE que les professionnels de la cybersécurité pourront surmonter les défis complexes de l’ère numérique et protéger notre avenir connecté.
Expert international en cybersécurité
Président du CESIA