Une nouvelle tragédie a frappé le réseau ferroviaire gabonais le vendredi 25 avril 2025. À la gare d’Ivindo, une passagère a perdu la vie en tentant de remonter à bord d’un train en marche. Si les circonstances sont présentées comme exceptionnelles par la compagnie, le scénario, lui, n’a rien d’inhabituel. Accidents, drames et morts anonymes jalonnent depuis trop longtemps un transport ferroviaire où la sécurité ressemble davantage à un slogan qu’à une réalité vécue par les voyageurs. À chaque fois, l’émotion retombe, les condoléances se succèdent, mais les pratiques, elles, restent figées.
Un drame irréversible
Vendredi matin, une passagère voyageant en famille sur la ligne Owendo-Lastourville a vu son destin basculer. Lors de l’arrêt du train n°431 en gare d’Ivindo, elle serait descendue sur le quai sans signaler son geste aux agents de bord, selon des sources concordantes. Après trois minutes réglementaires et une « vérification » visuelle du quai, le chef de sécurité de la gare aurait donné le signal du départ. Ce n’est qu’au moment du passage de la dernière voiture que l’homme aurait aperçu une silhouette tentant désespérément de remonter dans le convoi déjà en mouvement.
L’arrêt d’urgence est déclenché, des secours précipités sont prodigués. Dans une tentative ultime, la victime est transportée à bord du même train jusqu’à Lastourville, où une ambulance et une équipe médicale l’attendaient. Mais malgré les efforts déployés en bout de chaîne, la passagère succombera à ses blessures à son arrivée à l’hôpital.
Quid de la vigilance effective ?
La Setrag, par la voix de sa direction générale, a exprimé ses condoléances et rappelé, non sans une certaine mécanique, l’interdiction stricte de descendre en dehors des arrêts autorisés. Mais derrière ces mots convenus, la question de la vigilance effective reste entière. Peut-on vraiment se satisfaire, en 2025, d’une simple « constatation de quai vide » pour autoriser la mise en mouvement d’un train transportant des centaines de passagers ? Combien de vies devront encore être perdues pour qu’une culture véritable de la sécurité s’impose, au-delà des manuels et des rappels de principe ?
Il serait sans doute trop commode de parler d’accident isolé. Au Gabon, les tragédies ferroviaires se sont peu à peu normalisées, usant les nerfs, endormant les consciences. Les décès se succèdent, les responsabilités s’éparpillent, et la mémoire collective semble s’accommoder de ces vies brisées comme d’une fatalité. Dans ce pays où l’on s’habitue lentement à l’inacceptable, les drames ferroviaires, loin de provoquer sursaut et remise en question, finissent par n’être que des épitaphes supplémentaires sur une voie ferrée qui, elle, continue d’avancer, indifférente.