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Élections 2025 : 31,7 milliards, une facture colossale pour un enjeu «plié d’avance» ?

le coup de coeur

Alors que le processus électoral pour les législatives et les locales débute dans une confusion embarrassante, le coût pour les finances publiques, lui, est parfaitement limpide : 31,7 milliards de fcfa seront consacrés à l’organisation des scrutins de 2025 au Gabon, selon la Loi de finances 2025. Ce montant couvre l’ensemble des opérations : législatives, locales, sénatoriales. C’est une charge significative pour un pays confronté à des besoins sociaux urgents et une dette intérieure préoccupante.

Pourtant, dès les premières étapes, les signaux sont au rouge. Le ministre de l’Intérieur, Hermann Immongault, a dû repousser en urgence la période de dépôt des candidatures, faute d’avoir finalisé à temps les actes réglementaires encadrant l’enrôlement des électeurs et la mise en place de la CNOCER. Deux arrêtés clés ont été pris seulement le 9 juillet, à quelques jours de l’ouverture initiale du dépôt. Comme l’a pointé le député de la Transition, Geoffrey Foumboula, il est incohérent de prétendre recevoir des candidatures alors que la liste électorale n’est pas encore révisée, ni validée.

La question qui fâche émerge alors clairement : comment justifier une dépense de plus de 31 milliards fcfa dans un processus électoral à ce point désorganisé ? Au-delà du manque d’anticipation, c’est la confiance des électeurs qui vacille. Dans un pays où les élections peinent à incarner un véritable choix démocratique, ces milliards investis donnent l’impression de financer une mise en scène institutionnelle plus qu’un véritable exercice de souveraineté populaire.

Car sauf improbable retournement, les résultats de ces élections semblent déjà largement écrits. Le parti présidentiel, fort de sa légitimité militaire et institutionnelle, jouit d’un contrôle total des structures d’État, d’un accès sans partage aux ressources logistiques et médiatiques, et d’une opposition encore très affaiblie voire inexistante. Dans ces conditions, il est difficile de ne pas voir dans ce processus une formalité politique, coûteuse, mais sans véritable suspense démocratique.

Le citoyen gabonais est ainsi sommé de financer une démocratie sous contrôle : plus de 31 milliards de fcfa mobilisés, sans garantie sur la qualité des scrutins ni sur leur portée réelle en matière d’alternance politique. À l’arrivée, c’est moins la démocratie qui s’en trouve renforcée que sa caricature qui s’impose : celle d’un système qui coche toutes les cases du pluralisme formel tout en neutralisant les ressorts du choix effectif. 

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