Dans un climat tendu et face à une certaine condescendance journalistique, Alain Claude Bilie-By-Nze, s’est distingué par la clarté de ses propos et la solidité de ses positions politiques. Lors de l’émission 1 candidat, 1 projet, diffusée hier soir, l’ancien Premier ministre n’a pas fui le débat : il l’a dominé. Patiemment, parfois même avec ironie, il a démonté les insinuations et imposé une parole ferme et structurée. Loin de l’hésitation, il a lancé, sûr de lui : « Je suis prêt à diriger ce pays », une déclaration qui marque son entrée pleine et entière dans l’arène présidentielle. Une phrase qui est le reflet d’une ambition assumée, mais aussi d’une préparation méthodique.
Sur la question de la gouvernance économique, Bilie-By-Nze s’est longuement exprimé sur l’affaire Assala, symbole selon lui d’une gestion hasardeuse des ressources stratégiques du pays. Il a rappelé que l’État a repris des actifs en déclin, des champs pétroliers jugés peu rentables par un opérateur de référence, signe que leur exploitation exige des moyens et un savoir-faire que le Gabon ne maîtrise pas encore pleinement. « Ce qui a été fait est un très mauvais choix », a-t-il martelé, soulignant ainsi l’improvisation et le manque de rigueur ayant accompagné cette opération.
Dans son programme, il prévoit d’établir une gouvernance des ressources fondée sur des audits indépendants et un pilotage stratégique du secteur extractif. Il veut également renforcer le rôle de l’État dans les négociations avec les multinationales, tout en rééquilibrant les contrats en faveur de l’intérêt national. Mais l’un des points les plus marquants de son intervention reste sa proposition d’instaurer un minimum social garanti de 150 000 fcfa pour les populations les plus vulnérables, une mesure à la fois économique et éthique.
« Il s’agira d’une allocation versée à 160 000 Gabonais dans un premier temps », a-t-il précisé. Ce revenu universel de base représenterait une première au Gabon, traduisant une volonté de mieux répartir la richesse nationale et de soutenir les familles les plus exposées à la précarité. Dans son programme, cette mesure s’inscrit dans un chantier plus vaste : la refonte du système de protection sociale, le renforcement de la CNAMGS et la lutte contre les inégalités. Il ne s’agit pas seulement de charité publique, mais de justice sociale adossée à une nouvelle vision du rôle de l’État.
Bilie-By-Nze est aussi revenu sur une proposition forte de son projet de mandature : la création d’une Commission Justice, Vérité et Réconciliation. Pour lui, il est temps que le pays affronte ses vérités, les dérives du passé, les traumatismes politiques et économiques, mais aussi les responsabilités de chacun. Cette commission aurait pour rôle de « rétablir la vérité, reconnaître les injustices, proposer des réparations et permettre la réconciliation nationale », a-t-il affirmé. Dans l’émission, il a souligné la nécessité de solder les comptes du passé, pour tourner une page douloureuse de l’histoire gabonaise et ouvrir une nouvelle ère, fondée sur la confiance et l’équité. Là encore, sa méthode est claire : dialoguer, documenter, restaurer la mémoire collective pour reconstruire une Nation plus unie.
En sortant du plateau, Bilie-By-Nze laissait l’image d’un homme calme, mais déterminé, méthodique, mais offensif. En refusant la langue de bois, en répondant point par point, en projetant un programme ambitieux et structuré, il a pris de la hauteur. Si l’émission était un test de solidité politique, il l’a passé avec mention. On pourrait lui attribuer sans peine un 8/10. Non seulement pour sa rhétorique affûtée, mais pour sa capacité à proposer des solutions réalistes, et à incarner une alternative crédible dans le contexte de la post-transition.