Audits, rationalisation, reversement obligatoire des dividendes… Henri-Claude Oyima fait mine de reprendre en main le secteur public. Le problème, c’est que cette stratégie ressemble à un exercice comptable dans un océan de déséquilibres. On peut bien exiger des dividendes de la SEEG, de la SNI ou d’autres, mais à quoi serviront ces miettes quand la masse salariale dévore déjà tout ? Le Cadrage macro est implacable : « la masse salariale représenterait 92% des recettes fiscales en 2028 ». Comment parler de marges de manœuvre quand 9 francs sur 10 collectés par l’impôt partent directement dans les salaires ?
Dans ces conditions, auditer les entreprises publiques ne change pas grand-chose. Même si l’on découvrait des milliards détournés, ils seraient absorbés aussitôt par une machine administrative insatiable. C’est l’éléphant dans la pièce avec un État trop lourd, trop coûteux, qui laisse à peine respirer le reste de l’économie. Et pourtant, c’est sur ce socle vermoulu que l’on prétend bâtir la modernisation.
Le cadrage budgétaire souligne une autre vérité qui dérange : « les investissements publics sur ressources propres sont structurellement contraints par la dynamique de la masse salariale et du service de la dette ». Ce qui veut dire que pendant qu’on s’épuise à auditer les agences, les routes, les écoles et les hôpitaux attendront. C’est le cercle vicieux : faute de marges, on bricole, et les vraies réformes reculent.
L’histoire du Gabon est remplie d’audits qui n’ont rien changé. Des rapports poussiéreux, des constats accablants, mais peu de sanctions. La question est simple : Oyima ira-t-il jusqu’au bout, ou se contentera-t-il d’afficher une volonté sans résultats concrets ? Sans décisions fortes, auditer un Titanic ne l’empêchera pas de couler.