En levant potentiellement plus de 141 milliards de fcfa sur la BVMAC, BGFI Holding deviendra la première multinationale d’Afrique centrale à ouvrir son capital au public à cette échelle. Une opération qui redessine les contours du secteur bancaire gabonais et trace une voie ambitieuse pour l’intégration financière sous-régionale.
L’opération porte sur 10% du capital
Le 31 juillet 2025, BGFI Holding entre dans l’histoire économique de la CEMAC. Le groupe bancaire gabonais lance la première introduction en Bourse de grande ampleur sur la BVMAC, avec une levée visée de 125,9 milliards de fcfa et un potentiel d’extension à 141 milliards. L’opération porte sur 10% du capital, soit 1,57 million d’actions à 80000 fcfa l’unité. Pour favoriser la participation d’un plus large public, le groupe a procédé à une division nominale de ses titres, ramenant la valeur unitaire de 90000 à 10 000 fcfa.

Cet appel public à l’épargne ne vise pas seulement à diversifier les financements du groupe. Il s’inscrit dans une logique stratégique : financer le plan de développement 2026-2030, renforcer les fonds propres de ses 12 filiales africaines et asseoir une gouvernance plus conforme aux standards internationaux. La séparation des fonctions de président du conseil et de directeur général, déjà actée, envoie un signal fort aux investisseurs institutionnels.
La BVMAC gagne en profondeur de marché
Pour le secteur bancaire gabonais et régional, cette IPO devrait agir comme un électrochoc. La BVMAC, jusqu’ici marginalisée avec à peine six valeurs cotées, gagne de facto en profondeur de marché et en crédibilité. Elle peut désormais attirer d’autres champions sous-régionaux comme la Commercial Bank of Cameroon ou Zenithe Insurance. Surtout, elle commence à incarner un outil de financement alternatif crédible, complémentaire aux financements bancaires classiques.
Pour BGFI Holding, les retombées seront multiples, malgré les récriminations de certains de ses principaux actionnaires dont Christian Kerangal. L’institution bancaire devrait tirer un meilleur profil financier, plus de transparence, une image rehaussée et une attractivité renforcée. Fort de 122 milliards de fcfa de bénéfices nets en 2024 et d’un total de bilan proche de 6000 milliards, le groupe confirme son statut de locomotive du système financier en Afrique centrale. Mais cette ouverture au marché implique aussi plus d’exigence, notamment en matière de reporting, de discipline financière et de création de valeur actionnariale.
Reste à voir si cette opération suscitera un véritable basculement culturel. Car au-delà de l’exploit technique, c’est toute la logique de financement des économies de la CEMAC qui est en jeu. Si l’épargne locale, longtemps dormante ou mal canalisée, commence à irriguer les grandes entreprises régionales via la Bourse, alors BGFI aura lancé bien plus qu’une IPO.