La Cour des Comptes du Gabon disposera en 2025 d’une masse salariale de 4,888 milliards de fcfa pour un effectif de 510 agents. Ce montant représente une enveloppe budgétaire conséquente, d’environ 9,6 millions de fcfa par an et par agent en moyenne, soit 800 000 fcfa par mois. À titre de comparaison, un enseignant en début de carrière perçoit environ 280 000 fcfa par mois, soit près de trois fois moins que la médiane salariale des agents de la Cour des Comptes. Une disparité qui pose la question du poids budgétaire de cette institution et de son impact réel sur la gestion des finances publiques.
En théorie, la Cour des Comptes est un organe clé du contrôle budgétaire, chargé d’évaluer l’efficacité des dépenses publiques et de signaler d’éventuelles irrégularités. Toutefois, son action demeure relativement discrète au Gabon, alors que des institutions similaires dans d’autres pays publient régulièrement des rapports influents. Par exemple, en France, la Cour des Comptes a révélé en 2023 des irrégularités dans la gestion de certains ministères, entraînant des ajustements budgétaires immédiats. De même, au Sénégal, l’institution a récemment mis en lumière des détournements de fonds dans la gestion des projets sociaux, provoquant des réformes et des sanctions.
À l’inverse, au Gabon, la Cour des Comptes ne semble pas exercer la même pression sur les finances publiques, malgré des ressources financières conséquentes. Dans un pays où un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté et où le taux de chômage des jeunes avoisine les 40%, l’importance de chaque franc cfa dépensé par l’État est un sujet majeur. La masse salariale de la Cour des Comptes représente à elle seule près de 1,3% des dépenses en biens et services de l’État pour 2025, estimées à plus de 378 milliards de fcfa. À titre de comparaison, cette somme est supérieure au budget alloué à certains ministères stratégiques, tels que l’Agriculture ou la Pêche, qui jouent pourtant un rôle clé dans la lutte contre la précarité.
Les missions de la Cour des Comptes sont pourtant essentielles : contrôler la gestion des fonds publics, garantir la transparence budgétaire et prévenir les dérives financières. Dans d’autres contextes, une telle institution peut permettre d’identifier des gisements d’économies substantielles et d’optimiser l’utilisation des ressources publiques. En 2024, la Cour des Comptes française estimait que ses recommandations avaient permis d’économiser près de 10 milliards d’euros (6 500 milliards de fcfa) sur plusieurs exercices budgétaires. Une performance qui montre le rôle potentiel d’un tel organe lorsqu’il est pleinement mobilisé.
L’attribution d’une enveloppe budgétaire aussi importante à la Cour des Comptes du Gabon s’inscrit dans une logique de structuration des organes de contrôle de l’État. Cependant, la question de l’adéquation entre les moyens alloués et les résultats obtenus reste entière. Dans un contexte où la rationalisation des dépenses publiques est devenue une priorité, il pourrait être pertinent d’évaluer l’impact concret de cette institution, afin d’assurer une meilleure cohérence entre ses ressources et ses actions.