Le Directeur général du Budget et des Finances publiques (DGBFIP), Thècle Wilfried Nzamba Mangala, a récemment détaillé les principales orientations de la Loi de finances 2024. Dans une interview accordée au magazine Économies Africaines, il a indiqué que le budget alloué à l’organisation du dialogue national inclusif et au référendum s’élevait respectivement à 6,787 milliards de fcfa et 27,040 milliards de fcfa. Ainsi, ces deux postes de dépenses cumulent un montant total de 33,827 milliards de fcfa.
Le Dialogue national inclusif a constitué un axe majeur du programme de la Transition, visant à réunir les acteurs politiques, sociaux et économiques afin d’établir des réformes structurelles. Quant au référendum, il a été conçu comme une étape clé pour définir les bases institutionnelles du pays. L’importance de ces initiatives a justifié l’engagement financier de l’État, tel que présenté par le DGBFIP. Mais une question légitime se pose : cet investissement en valait-il vraiment la peine ?
Une nécessité pour le respect du chronogramme de la transition
Pour le directeur général des finances publiques, Thècle Wilfried Nzamba Mangala, cet investissement était une nécessité pour le respect du chronogramme de la Transition. « Le budget 2024 répondait à la nécessité de prendre en compte les très hautes instructions du président de la République le général Brice Clotaire Oligui Nguema, relatives à l’organisation du Dialogue national inclusif et du référendum, à la régularisation des situations administratives et aux recrutements, au respect des engagements internationaux, au paiement des rappels – dette aux agents de l’État –, et enfin aux projets prioritaires du gouvernement de la Transition », a-t-il déclaré.
Pourtant, le poids de cette dépense sur le budget national n’est pas anodin. Si l’on compare ce chiffre à d’autres besoins urgents, comme les infrastructures routières, l’éducation ou la santé, on peut se demander si une meilleure allocation des ressources n’aurait pas été plus bénéfique pour la population. Pour mettre ces chiffres en perspective, nous avons fait une comparaison avec d’autres pays africains. Au Sénégal, le dialogue national de 2019 avait été budgété à 4,2 milliards de fcfa. De son côté, la Côte d’Ivoire avait dépensé environ 2,5 milliards de fcfa pour son dialogue politique en 2022.
Un budget très élevé
Ces montants reflètent la variabilité des coûts selon les contextes nationaux et les modalités d’organisation. Mais, on remarque que le Gabon a dépensé une somme bien supérieure à celle d’autres nations ayant organisé des processus similaires avec une population 10 fois plus importante, ce qui interroge sur les critères ayant guidé une telle allocation budgétaire. En parallèle, le budget total de 33,827 milliards de fcfa alloué à ces événements pourrait être comparé à d’autres priorités budgétaires.
Par exemple, avec un coût moyen de 800 millions de fcfa par kilomètre de route en béton au Gabon, cette somme aurait permis de construire environ 42 kilomètres de routes. Ce chiffre n’est pas anodin lorsqu’on sait que l’état du réseau routier constitue un frein majeur au développement économique du pays. Toutefois, ces dépenses doivent être appréciées dans le contexte politique et institutionnel du pays. Selon le DGBFIP, elles s’inscrivent dans la feuille de route de la Transition et répondent aux priorités définies par les plus hautes autorités.
Impact à long terme
Le coût de telles initiatives reste donc une question d’arbitrage entre stabilisation politique et investissements structurels. L’impact à long terme de ces dépenses devra être mesuré à l’aune des résultats obtenus et de la réelle amélioration des conditions de vie des citoyens. Il est également primordial d’assurer une transparence totale sur l’utilisation des fonds alloués, afin d’éviter toute suspicion de mauvaise gestion ou de détournement. Ce que le CTRI vient d’illustrer avec la publication de ces rapports.