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Fonction publique : quand le discours d’austérité d’Oyima se heurte à la réalité budgétaire

le coup de coeur

En affirmant récemment sur la chaîne nationale que « la fonction publique aujourd’hui est saturée, elle ne peut plus embaucher comme nous le souhaitons », le ministre de l’Économie, Henri-Claude Oyima, semble vouloir dresser un constat de lucidité. Pourtant, cette posture d’austérité se heurte à la trajectoire réelle des finances publiques. Les chiffres officiels publiés lors du Conseil des ministres du 8 septembre dernier montrent en effet que les dépenses de personnel ne cessent de croître, passant de 704 milliards de fcfa en 2023 à près de 960 milliards prévus en 2026. Une hausse de plus de 36% en trois ans, difficilement conciliable avec un discours de maîtrise.

Si la fonction publique était réellement « saturée », le gouvernement n’aurait pas validé une telle progression de la masse salariale. En réalité, cette inflation traduit le poids d’une administration devenue un instrument social et politique. Derrière les chiffres, on retrouve la régularisation de milliers de situations administratives, évaluées à 40,9 milliards de fcfa en 2026, mais aussi le maintien de nombreux agents en fin de carrière, faute d’application rigoureuse des retraites. Autrement dit, la structure du budget contredit le discours de rigueur.

Le ministre Oyima évoque la nécessité de limiter les recrutements, mais le problème ne réside pas seulement dans le flux d’entrées, c’est plutôt la gestion structurelle des effectifs qui est en cause. Les redéploiements internes restent timides, les doublons administratifs persistent, et la digitalisation promise de la fonction publique n’a pas encore produit d’effet d’efficience mesurable. La fonction publique gabonaise continue donc de s’alourdir sans se transformer, absorbant chaque année près du tiers des recettes de l’État.

Pourtant elle reste l’une des moins performantes du continent selon l’Index Mo Ibrahim qui la classe dans les tréfonds de son classement. Ce décalage illustre une contradiction plus profonde dans la gouvernance économique actuelle où d’un côté, on prône la rigueur et la soutenabilité budgétaire, de l’autre, on entretient des dépenses de fonctionnement qui dépassent déjà 3500 milliards de fcfa en 2026, dont près de la moitié liée à la dette et aux salaires. Ce déséquilibre fragilise la capacité de l’État à investir dans les secteurs productifs et à stimuler la croissance, alors même que la pression sociale pousse à créer de nouveaux emplois publics.

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