Le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema est présent à Paris depuis quelques jours pour participer au Sommet de la Francophonie qui se tiendra du 05 au 06 octobre 2024. Au cours de cette conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), il sera question de l’entrepreneuriat et de l’avenir de la francophonie. Plusieurs pays sont attendus.
La Francophonie au Gabon
Créée le 20 mars 1970 à Niamey (Niger) pour la promotion de la langue française et des valeurs telles que la démocratie, les droits de l’homme, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) fête ses 54 ans cette année. Au Gabon, les festivités s’articulent autour de quelques activités récréatives qui se dérouleront le samedi 05 octobre 2024 à l’Institut français qui prêtera son espace pour la circonstance. Un concert géant est prévu avec la présence du rappeur gabonais Benjamin Epps dans la soirée.

L’OIF est présent au Gabon depuis la date de sa création. Le pays détient en effet une des populations francophone les plus importantes en Afrique soit 65% et ce, proportionnellement à son nombre d’habitants. Il abrite notamment des bureaux de l’organisation et ses représentations diplomatiques coopèrent avec les plus hautes instances du pays sur des questions de jeunesse, d’emplois, d’innovation…
Les attentes du Gabon au 19ème Sommet de l’OIF
La présence de Brice Clotaire Oligui Nguema, président de la Transition, dénote de l’intérêt que le Gabon porte à cette organisation. Autour de la thématique «Créer, innover entreprendre en français pour l’emploi des jeunes», les chefs d’État et des gouvernements présents à ce Sommet tenteront d’apporter des solutions adaptées aux besoins de cette jeunesse francophone confrontées de plus en plus à l’exode climatique, aux instabilités politiques et à l’explosion du chômage. Le Gabon, utilisera une approche stratégique. Le président de la Transition rencontrera en marge de ces travaux, des personnalités importantes pour mener son offensive diplomatique comme il l’a fait aux États-Unis à l’issue de la 79ème assemblée générale de l’Organisation des nations unies (ONU). Dans cette lancée, il a déjà rencontré la Rwandaise Louise Mushikiwabo, par ailleurs secrétaire générale de l’organisation. Les échanges entre les deux personnalités ont notamment porté sur le processus de Transition au Gabon qui suit son cours.
Gabon et OIF, un désamour à peine voilé ?
Membre de l’organisation depuis sa création, la position du Gabon sur son orientation stratégique semble avoir évolué au fil des années. L’ancien régime d’Ali Bongo ayant mis fin à cette quasi-exclusivité du français en adoptant l’anglais comme la deuxième langue officielle du Gabon après son entrée au Commonwealth en juin 2022. Un revirement significatif que les autorités de cette époque avaient justifié par la diversification des partenariats stratégiques.

Or, au fond, cette évolution traduisait le ras-le-bol vis-à-vis d’une institution qui n’a pas su se réinventer pour s’adapter à la donne actuelle de ses pays membres. L’OIF est donc «un géant au pied d’argile», nous confie un ancien diplomate. Il ne reste plus rien de sa quintessence observée à la création. D’ailleurs, selon l’organisation internationale, le français est parlé par 321 millions de locuteurs dans le monde actuellement, sur plus de 8 milliards d’habitants sur terre. C’est donc la 5ème langue la plus parlée, derrière l’espagnol, l’indice, le mandarin (chinois) et l’anglais qui est en tête depuis des décennies.
Quant au classement des langues parlées dans le monde en langue maternelle, le français n’est pas dans le top 10, selon le site Ethnologue.com, qui a identifié près d’1,2 milliard de locuteurs natifs, dont près d’1 milliard parlant le mandarin.
Le constat est réel, cette déshérence s’explique par l’échec de la francophonie à pouvoir structurer son approche notamment dans les pays africains en transition démocratique : au Mali, au Burkina Faso, Niger et au Gabon. De même qu’elle peine à comprendre la reconfiguration des relations internationales, l’OIF est restée uniquement centrée sur la promotion de la langue française et de plus en plus, beaucoup de pays francophones africains envisagent de suivre la démarche du Gabon et du Togo devenus membres du Commonwealth en juin 2022.