Depuis plusieurs années, le Gabon a recours aux marchés financiers pour financer son développement et faire face à ses obligations budgétaires. C’est l’une des causes de l’endettement croissant du pays, qui soulève aujourd’hui des questions quant à la soutenabilité de cette stratégie et ses conséquences sur l’économie nationale. Alors que le service de la dette représente désormais plus du tiers des revenus budgétaires, la pression sur les finances publiques s’accentue, limitant les marges de manœuvre pour d’autres investissements stratégiques.
Plus de 1800 milliards fcfa d’emprunts
Depuis 2017, les gouvernements successifs du Gabon ont souscrit plus de 1 800 milliards de fcfa d’emprunts sur les marchés financiers internationaux et régionaux. Cette accumulation de dette s’est traduite par plusieurs émissions obligataires successives, chacune ayant un objectif spécifique. En 2017, une émission de 200 milliards de fcfa visait le financement de projets d’infrastructure. Deux ans plus tard, en 2019, un Eurobond d’un milliard de dollars, soit environ 600 milliards de fcfa, a été levé afin de refinancer des emprunts plus anciens.
En 2021, une nouvelle émission de 800 milliards de fcfa a permis de couvrir le déficit budgétaire et de financer des programmes de développement. Enfin, en 2025, le Gabon sous le CTRI, a encore levé 570 millions de dollars, soit environ 342 milliards de fcfa, à un taux d’intérêt de 9,5 %, confirmant ainsi la dépendance croissante du pays à l’endettement pour maintenir l’équilibre de ses finances publiques.
Réduction des marges de manœuvre
Cette stratégie d’endettement, bien que nécessaire pour assurer la continuité des investissements publics, a considérablement alourdi le service de la dette, qui représente aujourd’hui plus de 33,3% des revenus budgétaires du pays. Avec des taux d’intérêt de plus en plus élevés, le coût du remboursement de ces obligations pèse lourdement sur les finances de l’État. La conséquence immédiate est la réduction des marges de manœuvre pour d’autres dépenses essentielles, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures de base.
En outre, la pression budgétaire croissante risque de limiter la capacité du gouvernement à répondre aux besoins sociaux urgents, accentuant ainsi les inégalités. Le contexte économique du Gabon est d’autant plus préoccupant que les agences de notation ont, à plusieurs reprises, revu à la baisse la note souveraine du pays. Cette situation reflète un risque accru pour les investisseurs et entraîne une hausse des taux appliqués aux nouveaux emprunts.
Accroissement de la dette
L’impact est double : d’une part, l’accès aux financements devient plus coûteux pour le Gabon, et d’autre part, la perception de la viabilité économique du pays est fragilisée sur la scène internationale. Dans ce cadre, la dépendance aux ressources pétrolières demeure un facteur aggravant plus qu’autre chose, car toute fluctuation des prix du pétrole a un impact direct sur la capacité du pays à honorer ses engagements financiers.
L’accroissement de la dette publique a également des implications directes sur le développement économique et social du Gabon. Avec une part importante des revenus affectée au remboursement des obligations, les investissements dans des secteurs clés pour la diversification économique sont limités. Le pays peine à développer une industrie locale robuste, ce qui freine la création d’emplois et limite la croissance à long terme.
Des solutions durables en perspective
En parallèle, les ménages ressentent l’impact de cette situation à travers des restrictions budgétaires affectant les services publics et les infrastructures essentielles, réduisant ainsi leur qualité de vie. Le gouvernement doit désormais renforcer la gestion des finances publiques et diversifier ses sources de revenus en réduisant sa dépendance aux emprunts internationaux. La mise en place actuellement de réformes économiques visant à stimuler l’investissement privé et à favoriser l’industrialisation pourrait offrir des solutions durables.
Une meilleure transparence dans l’utilisation des fonds levés sur les marchés financiers et une discipline budgétaire accrue permettront également de restaurer la confiance des investisseurs et d’assurer une stabilité économique à long terme. Dans ce contexte, la gestion prudente de la dette et une stratégie économique plus équilibrée seront essentielles pour garantir la viabilité financière du pays.